Tariq Alí, cinéaste pakistanais/ Eduardo Flores-Andes
Quito, 31 juil (Andes).- Tariq Alí croit que le capitalisme a mené l’existence de différents groupes sociaux aux extrêmes, et qu’une mondialisation de la démocratie s’impose. Pour démontrer cela, il a analysé en détail les expressions des protestations contre le néolibéralisme à niveau mondial.
L’enseignant et cinéaste pakistanais fait une analyse sur l’Amérique Latine, où il dit que « l’Amérique Latine est le seul endroit sur Terre où la démocratie fonctionne, vu que les gouvernements progressistes vont plus loin dans les droits et les libertés pour la population, ce sont des faits et non pas des dérivations d’un discours sémantique ».
Tel est le cas du concept de Bon Vivre (Sumak Kausay, en Quichua, langue indigène d’Équateur) issu de l’Équateur, face auquel il précise qu’il ne faut pas se faire trop d’illusions, car « le Bon Vivre n’est pas du goût [de l’empire] ; cela ne fonctionne pas avec le modèle des oligarchies ». Ces propos sont rapportés d’un entretien qu’il a accordé à l’Agence d’Information Andes.
« Il faut leur ôter [aux médias commerciaux à la droite politique] la propriété du concept de la liberté, et les Bolivariens doivent pouvoir dire ouvertement que notre peuple a plus de liberté que les autres », a commenté le Pakistanais, historien, réalisateur de cinéma et écrivain, dont la pensée de gauche rafraîchit les notions traditionnelles, en enquêtant sur le rôle du capitalisme dans le contexte actuel.
« Les droits de l’Homme ne les intéresse pas, ils ordonnent au monde de regarder la télévision », dit-il en réfléchissant sur la démocratie : « le capitalisme et la démocratie sont en train de devenir incompatibles », et de considérer qu’aucun gouvernement d’Europe ou des Etats-Unis ait fait quelque chose pour son peuple.
« La mentalité néolibérale dit : donnons la décision au marché, mais ils se servent de l’État pour aider les riches ».
Pour cet intellectuel de gauche, auteur de Bush à Babylone : la recolonisation de l’Irak (2004), les Etats-Unis ont des gouvernements très semblables entre démocrates et républicains, ce qui est selon lui une situation politique de « Centre extrémiste ».
« Dans les faits, Obama a la même politique que Bush » commente-t-il, en ajoutant que les indignés en Espagne et aux Etats-Unis « haïssent les politiques ».
Il note toutefois qu’en Amérique Latine, la démocratie fonctionne réellement : « en général, la région est en plein changement ; l’Amérique du Sud a rejeté la première le néolibéralisme, qui n’est pas rejeté aux Etats-Unis ni en Europe ».
Par ailleurs, pour celui qui était autrefois le collaborateur de The International Marxist des Etats-Unis, « au Mexique, on ne laisse pas la démocratie s’implanter, pareil en Colombie, et tout particulièrement avec Uribe ».
Par la suite, il a résumé la crise vécue par le système économique et social européen, et se montre très inquiet car « cette crise a révélé que l’Allemagne est le pays le plus fort et dicte sa loi aux autres pays ».
En ce qui concerne la gauche du vieux continent, il se montre en revanche quelque peu désenchanté : « En Grèce, il y avait plus de résistance quand les mouvements sociaux ont créé un mouvement politique (Zyrisa, du candidat Alexis Tsipras) basé sur le modèle latino-américain, mais les médias ont terrorisé les gens. Ils leur ont dit que s’ils suivent ce jeune parti, ils ne recevront pas d’aide du reste de l’Europe, et dans ce pays, la gauche stalinienne s’est employée à attaquer Zyrisa au lieu d’attaquer la droite ».