From Israel with love

Ciné-tract - 4 min 30

Ciné-tract — ZIN TV — 2020

Musique : Faraj Sulei­man — Ara­bic Melo­dy — Mon­treux Jazz Fes­ti­val (2018)

Ciné-col­lage contre l’a­par­theid israé­lien sur base d’images jour­na­lis­tiques et d’une musique du com­po­si­teur pales­ti­nien Faraj Suleiman.

La mort pales­ti­nienne quo­ti­dienne est deve­nue une sorte de bul­le­tin météo, la tyran­nie amé­ri­caine ayant pla­cé l’occupation israé­lienne au-des­sus du droit inter­na­tio­nal et éle­vé la puis­sance occu­pante au rang de la sainteté.

C’est un monde sau­vage, dément, égoïste, dans lequel ne pré­vaut pas d’autre loi que celle de la jungle, un monde armé du sur­plus de la puis­sance nucléaire.

Est-il encore pos­sible d’écrire un poème ?

Com­ment peut-on être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du réel, en même temps ?

Com­ment peut-on à la fois contem­pler et s’engager ?

Com­ment peut-on pour­suivre sa ten­ta­tive per­ma­nente : recréer le monde grâce à des mots à la vita­li­té éternelle ?

Et com­ment sau­ver ces mots de la bana­li­té de la consom­ma­tion de tous les jours ?

Extrait de “La poésie en des temps de sauvagerie”, allocution du poète palestinien Mahmoud Darwich à la Cité du Livre d’Aix-en-Provence (2003).

“The Israeli Army Doesn’t Have Snipers on the Gaza Border. It Has Hunters”

Dans un article inti­tu­lé “L’ar­mée israé­lienne n’a pas de sni­pers à la fron­tière avec la bande de Gaza. Elle a des chas­seurs”, Gideon Levy, jour­na­liste et écri­vain israé­lien, publie dans le Haa­retz (l’un des quatre plus grands quo­ti­diens natio­naux israë­lien) le dégoût que lui ins­pire le com­por­te­ment des sol­dats israéliens.


“À Gaza, huit mille jeunes hommes ont été ren­dus han­di­ca­pés à vie par les tirs des sni­pers israé­liens. Cer­tains ont dû être ampu­tés et les tireurs y trouvent de la fierté.

L’un est musi­cien, venant d’un bon lycée, l’autre est scout, diplô­mé en théâtre. Ils font par­tie des sni­pers qui ont tiré sur des cen­taines de mani­fes­tants non-armés.  Dans l’interview accor­dée à Hilo Gla­zer pour Haa­retz, aucun ne montre de remords. Quand ils s’excusent, c’est de ne pas avoir fait cou­ler plus de sang.

Ils se conduisent tous comme des assas­sins. Si les deux cent morts qui leur sont dues ne suf­fisent pas à le mon­trer, voyez leurs décla­ra­tions. Ils ont per­du leur bous­sole morale et pour­sui­vront ain­si leur vie.
Ils ont han­di­ca­pé leurs vic­times mais leur propre han­di­cap est bien plus grave. Leurs âmes sont tor­dues, atro­phiées. Leur morale per­due à tout jamais sur le champ de tir qui fait face à la bande de Gaza, ils sont deve­nus des dan­gers pour la société.

Ils sont les fils de vos amis et les amis de vos fils mais écou­tez un peu ce qu’ils disent. “J’ai rame­né sept ou huit genoux aujourd’hui, j’ai failli battre le record !”, “j’ai fait 28 genoux aujourd’hui !”. C’est pour­tant de jeunes femmes et hommes se bat­tant pour leur liber­té, un com­bat des plus justes, dont ils parlent ainsi.

Le dis­cours habi­tuel des sol­dats est deve­nu celui de bou­chers. “le scé­na­rio clas­sique, c’est de tirer pour bri­ser un os. L’ambulance arrive puis ils touchent une pen­sion”, “le but c’est qu’ils ne recom­mencent pas leurs manifs, alors j’essaie de viser le gras, les muscles pour faire moins de dom­mages”, “si vous tou­chez une artère prin­ci­pale, c’est que vous avez fait une erreur. Après y a des sni­pers qui choi­sissent de faire des erreurs”, “même si on connaît pas leur grade, on voit bien au cha­risme qui est le meneur, c’est lui qu’il faut viser”. Ain­si le cha­risme aura valu à de nom­breux jeunes de Gaza une vie entière de handicap.

Mais ça ne suf­fi­sait pas aux chas­seurs. Ils sont deve­nus assoif­fés de sang comme seuls des jeunes endoc­tri­nés peuvent l’être. Il leur fal­lait le sang d’un enfant, et devant sa famille qui plus est.
“Lais­sez moi me faire un gosse de 14 ou seize ans. Lais­sez moi lui explo­ser le crâne devant toute sa famille, tout son vil­lage. Lais­sez cou­ler son sang. Et alors je n’aurais peut-être plus besoin de prendre encore vingt genoux”.

Aucun d’eux n’a été sanc­tion­né. Ah si ! L’un a pas­sé sept jours en pri­son mili­taire pour avoir tiré sur un mou­ton. Dans l’armée la plus morale du monde, on ne tire pas sur les mou­tons voyons ! Seule­ment sur les Palestiniens.

Mal­gré les deux cent morts et les huit mille bles­sés, ils se plaignent de trop de contraintes et limites. Eux et leurs com­man­dants, eux et l’armée qui leur ordonne de tirer “comme sur des canards qui choi­sissent de fran­chir la ligne”, ils sont notre honte à tous, nous israéliens.

Les gens qui tirent sur des canards ne sont pas des sni­pers, ce sont des chasseurs.”

Article de Gideon Levy, publié le 7 mars 2020
Traduit par Sarah V.
Source : CAPJPO-EuroPalestine

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