Les enfermé.e.s

WE ARE BELGIUM TOO : Nationale Betoging / Manifestation Nationale

03.10 2021
14h
Gare de Bruxelles-Nord

Un film réa­li­sé en col­la­bo­ra­tion avec :

Ines Bah­ja

Une réa­li­sa­tion ZIN TV dans le cadre de la PVLS — Per­ma­nence vidéo des luttes sociales, un ate­lier vidéo mené en col­la­bo­ra­tion avec le GSARA.
Avril 2020

Dia­logue ima­gi­naire entre les per­sonnes enfer­mées dans les centres pour migrants et les res­pon­sables poli­tiques pen­dant la période de confi­ne­ment. Un film qui explore le poten­tiel poli­tique du found foo­tage sur base de témoi­gnages télé­pho­niques enre­gis­trés dans les centres et images offi­cielles du task­force qui gère la crise du coronavirus. 

La déten­tion en centre fer­mé est deve­nue illé­gale. L’inaction de nos res­pon­sables poli­tiques menace les plus vul­né­rables d’entre nous. Au regard de la loi, la déten­tion des étran­gers est per­mise pour autant que leur expul­sion du ter­ri­toire demeure une pos­si­bi­li­té. Dans le contexte qui est le nôtre, celui d’une fer­me­ture des fron­tières et d’une inter­rup­tion du tra­fic aérien inter­na­tio­nal, le rapa­trie­ment des détenu.e.s est tout sim­ple­ment empê­ché et le main­tien de leur déten­tion devient de fac­to illé­gal.

Dès l’ouverture des centres fer­més à la fin des années 1980, nombre de militant.e.s et asso­cia­tions se sont oppo­sés à ces dis­po­si­tifs car­cé­raux qui privent des per­sonnes de leur liber­té pour l’unique motif sui­vant : l’absence d’un titre de séjour valable. Dans une lettre ouverte adres­sée à la Pre­mière ministre belge, une cen­taine d’avocat.e.s ont récem­ment appe­lé à la ces­sa­tion des acti­vi­tés de tous les centres fermés.

Depuis le début de la période de confi­ne­ment, nous avons réa­li­sé une enquête afin d’évaluer les ajus­te­ments appor­tés par l’Office des étran­gers et véri­fier la mise en appli­ca­tions des mesures de sécu­ri­té pres­crites par les auto­ri­tés. Nous avons joint par télé­phone une ving­taine de détenu.e.s avec lesquel.le.s nous sommes res­tés en contact durant les quatre der­nières semaines. Ce sont ces échanges qui nous per­mettent aujourd’hui d’alerter l’“opinion publique” quant à l’évolution dra­ma­tique de la situation.

Si l’on se per­met de faire l’économie de l’illégitimité et de l’illégalité encore plus actuelle de centres fer­més, les condi­tions de déten­tions y sont par­ti­cu­liè­re­ment pré­oc­cu­pantes. Ces der­nières ne per­mettent aucu­ne­ment d’envisager un res­pect des règles de confi­ne­ment aux­quelles il est pour­tant indis­pen­sable de s’astreindre. Les condi­tions sani­taires sont déplo­rables et vont à l’encontre des recom­man­da­tions de l’Organisation mon­diale de la San­té, mais aus­si des mesures pres­crites par notre gou­ver­ne­ment. De plus, les seules dis­po­si­tions appli­quées par l’Office des étran­gers ne semblent avoir pour consé­quence que le ren­for­ce­ment d’un régime puni­tif, res­tric­tif et une mise en dan­ger per­ma­nente des détenu.e.s et du per­son­nel du centre fer­mé. Étant don­né le peu d’informations mises à la dis­po­si­tion de la popu­la­tion, il nous a paru impor­tant de rendre publics la situa­tion et le quo­ti­dien dont font état les détenu.e.s de ces centres. Nous avons choi­si de faire entendre leurs voix et c’est avec l’espoir de rendre davan­tage sen­sible une situa­tion abs­traite que nous avons mené plu­sieurs entre­tiens télé­pho­niques. Ces docu­ments enre­gis­trés avec 11 per­sonnes enfer­mées dans les centres de Merks­plas, Hols­beek et Vot­tem, sont alar­mants.

La crise sani­taire actuelle est révé­la­trice des inéga­li­tés qui struc­turent notre socié­té, une socié­té dont nous avons – plus encore aujourd’hui qu’hier – l’opportunité et le devoir de chan­ger. Il est urgent que les mesures de pro­tec­tion soient appli­quées à nous tou.te.s, que la soli­da­ri­té dont nous pou­vons témoi­gner ne soit pas réser­vée à certain.e.s mais pro­fi­table à chacun.e d’entre nous. Il en va de l’intérêt com­mun, de la san­té publique et du res­pect des droits humains les plus fon­da­men­taux. Nous ne pou­vons décem­ment pas igno­rer une par­tie de notre socié­té, dont le seul « crime » est de man­quer d’un docu­ment admi­nis­tra­tif. Nous deman­dons la fer­me­ture des centres fer­més et la libé­ra­tion immé­diate de tous le détenu.e.s.

Ines Bah­ja

Les entre­tiens télé­pho­niques qui ont été enre­gis­trés sont acces­sibles ici

Si vous sou­hai­tez sou­te­nir des asso­cia­tions qui viennent en aide aux per­sonnes enfer­mées dans des centres fermés :

Get­ting the Voice out

Contact : get­ting­the­voi­ceout@riseup.net

Compte : BE58 5230 8016 1279 BIC : TRIOBEBB

Cracpe — Col­lec­tif de Résis­tance Aux Centres Pour Étrangers

Contact : cracpe@skynet.be

Compte : CRACPE : IBAN BE89 0003 2598 6785

Extraits de témoignages

« Je suis tom­bé malade dimanche [le 22 mars 2020) der­nier. À 9 h 45, j’ai dit à l’infirmière que je n’étais pas bien, j’avais mal à tête, je trem­blais, j’ai mon corps qui était très chaud. Elle a pris note, elle est par­tie et elle ne m’a rien dit. À par­tir de 15 h 30 – 16 h, ça a com­men­cé à deve­nir vrai­ment grave […] Dans ma chambre, un ami à côté qui est par­ti crier sur eux [le per­son­nel du centre fer­mé] et il leur a dit : « Il est malade, pour­quoi vous le lais­sez seul comme ça ? […] J’avais 39 de fièvre alors ils m’ont dit qu’il fal­lait qu’on me garde. Je pou­vais plus retour­ner dans ma chambre avec les gens parce que c’est dan­ge­reux. Ils m’ont mis en iso­le­ment en bas tout seul […] »
Vot­tem, le 28 mars 2020 (l’homme inter­viewé n’a pas vu de méde­cin durant la durée de son iso­le­ment médi­cal. Il sera recon­duit dans l’aile com­mune, en contact avec les autres détenu.e.s)

« Le per­son­nel ne porte pas de gant, pas de masque, rien. Quand ils entrent dans le centre, ils mesurent seule­ment leur tem­pé­ra­ture, s’ils ont de la fièvre ou pas, ils entrent comme ça, mais sans masque et sans gant » Hols­beek, le 25 mars 2020

« Ils veulent nous ame­ner dans nos pays d’origine, où on va aller ? On n’y connait per­sonne. Moi j’ai quit­té ce pays à l’âge de 14 – 15 ans »  Vot­tem, le 29 mars 2020

« On est ici enfer­més pour des papiers. Aujourd’hui, nous savons que tous les aéro­ports sont fer­més et on sait pas quoi faire de nous, on est ici dans les oubliettes » Vot­tem, le 27 mars 2020

« Les per­sonnes qui décident de faire une grève de la faim, on les enferme et on les met à l’isolement, on les met au cachot. On pré­tend qu’on fait ça pour que les gens ne prennent pas exemple sur lui » Vot­tem, le 27 mars 2020

« Fran­che­ment, je suis déso­lé de le dire mais la Bel­gique, que ce soit en déten­tion dans les pri­sons ou les centres illé­gaux, ils ont lar­ge­ment dépas­sé les droits de l’homme. C’est moi qui le confirme » Vot­tem, le 31 mars 2020

 

 

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