Les personnes en séjour irrégulier nous parlent de leur quotidien, depuis leur confinement, depuis leur oubli des mesures officielles contre la pandémie. Quand on est sans-papier on n’a plus aucun droit et durant le confinement les inégalités s’accentuent, le fossé est d’autant plus flagrant.
Les personnes sans-papiers en Belgique, déjà fragilisées par leur situation, deviennent de plus en plus vulnérables en ce temps de confinement. En tant que population oubliée car considérée sans droit, il.elle.s ne peuvent compter que sur eux/elles-mêmes et sur le soutien de leurs concitoyen.ne.s belges.
Aucune autorité politique ni administrative ne s’est penchée sur la situation des sans-papiers. La stratégie trop segmentaire de la prévention en santé publique des diverses autorités (fédérales, régionales et communales) les exclut.
En dépit de cet abandon, la Coordination des sans-papiers soutient avec force les mesures prises jour après jour par le gouvernement pour endiguer cette pandémie et a pu sensibiliser les personnes vivant dans des occupations afin que les consignes des autorités fédérales soient observées au pied de la lettre.
Avec les pouvoirs spéciaux qui sont conférés au Gouvernement Fédéral, il est grand temps de prendre en ligne de compte tous les exclus de la société, que sont les personnes sans-papiers.
Pour ce faire, pour la santé de tous et le bien-être de tous, la Coordination des sans-papiers demande Madame Sophie Wilmès, Première Ministre, et à tous les membres de son Gouvernement, de faire un pas humain en avant en décidant sur :
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Un moratoire dans le contrôle et les arrestations des personnes sans-papiers ;
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la libération sans conditions des sans-papiers qui courent des grands risques en étant détenus dans les centres fermés, surtout qu’aucune expulsion ne saura se faire dans l’entre-temps ;
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une souplesse d’accès à la carte d’aide médicale urgente pour les sans-papiers qui n’ont pas d’adresse ;
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des mesures d’accompagnement en vivres et dans les occupations des sans-papiers en ce temps de confinement généralisés ;
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une instruction des professionnels de prévention et d’éducation à la santé de passer aussi dans les occupations avec un message clair compréhensible par les sans-papiers au sujet de ce « Covid-19ʺ,
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notre intégration dans l’Etat de droit belge, et ce, par une régularisation sur base de critères clairs et permanents à inscrire dans la loi de 1980 avec la création d’une Commission indépendante de régularisation.
La Coordination des sans-papiers a foi que, la lutte contre cette triste pandémie sera gagnée en mettant en œuvre des approches plus humaines, solidaires et sans exclusions.
Lettre ouverte à Madame Wilmès (01/05/2020)
Le gouvernement peut régulariser les sans-papiers sans modifier la loi, pour des raisons de santé publique, des raisons humanitaires et économiques, affirment dans une carte blanche deux avocates belges.
Chère Madame Wilmès, Chers membres du gouvernement belge,
Nous nous adressons à vous concernant la question urgente des sans-papiers en Belgique.
Étant donné que personne ne peut quitter le territoire belge pour le moment, et que les vols de passagers sont interdits, la première condition est remplie. Une décision positive pourrait dès lors être donnée à ceux qui peuvent alors présenter des arguments tels qu’un long séjour et une bonne intégration en Belgique, une famille avec des enfants en âge scolaire, un diplôme pour un emploi en pénurie ou la volonté de travailler dans un des secteurs mentionnés ci-dessus, ou encore une vulnérabilité particulière.
Une telle mesure permettrait non seulement de sortir du désespoir de très nombreuses personnes, mais serait bénéfique pour la santé publique et l’économie du pays.
Dans l’espoir d’une réaction positive, nous vous adressons nos salutations respectueuses.