Le responsable européen dans les négociations UE-Mercosur pour un accord de « libre-échange » a accusé l’Argentine « d’abîmer le climat » avec les mesures de compensation pour le secteur automobile. La Chancellerie (ministère des affaires étrangères argentin) l’a accusé « d’essayer de diviser le Mercosur ».
Les négociations entre l’Union Européenne et le Mercosur furent hier sur le point d’éclater selon les dires du commissaire européen du Commerce, Karel De Gucht, quand il a accusé devant le Parlement Européen, l’Argentine « de causer des problèmes avec ses mesures protectionnistes ». Le fonctionnaire a déclaré que cette situation « abîme le climat des négociations, et si les argentins ne changent pas d’attitude nous pourrions aller (les dénoncer) devant l’ « Organisation Mondiale de Commerce ». Aux déclarations irritées du fonctionnaire européen a répondu, tout de suite, le responsable des Relations économiques de la Chancellerie, Luis Maria Kreckler, qui a accusé De Gucht de « vouloir politiser » la négociation et d’essayer de diviser les associés du Mercosur. « Monsieur De Gucht devrait réfléchir à ses déclarations, qui n’apportent pas d’optimisme au processus de négociation et, de plus, qui violent l’accord de non confrontation verbale pendant les conversations ».
« Il veut évidemment politiser le processus de négociation et ses paroles démontrent une intention de diviser les associés du Mercosur, quand jusqu’à présent l’Europe n’a pas réussi à se mettre d’accord sur une offre homogène, spécialement dans le secteur agricole », a dit Kreckler. Il a considéré de plus que le fonctionnaire européen « devrait se consacrer davantage à produire des résultats concrets dans la négociation, qui résultent en une offre européenne pour obtenir un commerce avec le Mercosur mutuellement avantageux et équilibré ».
Dans son allocution devant le Parlement Européen, à Bruxelles, De Gucht avait estimé comme possible d’aboutir à la fin de cette année à l’accord d’association entre l’Union Européenne et le Mercosur qui inclut un traité de libre-échange. Les négociations pour l’accord ont été reprises en mai 2010, après être restées au point mort pendant plusieurs années. Mais devant la question d’un député européen, le Commissaire européen du Commerce a remarqué que la possibilité d’arriver à un accord « dépend des deux parties », et il a immédiatement remarqué que les obstacles principaux résident dans le souci des producteurs européens de viande et le protectionnisme de l’Argentine sur son secteur automobile qui limite les importations.
« Les mesures protectionnistes argentines causent des problèmes – a souligné le commissaire européen – elles rendent nos exportateurs un peu nerveux », spécialement dans le secteur automobile. Il se référait aux demandes de compensation que l’Argentine a imposées aux constructeurs aux fabricants de pièces détachées pour compenser la balance des devises entre exportations et importations par entreprise. De Gucht a déclaré que cette situation « abîme le climat (des négociations). Si les argentins ne changent pas d’attitude, nous pourrions aller devant l’Organisation Mondiale du Commerce », a t‑il menacé.
Les négociations entre les deux blocs n’ont pas réussi à avancer à cause de la réticence à échanger des offres sur les produits auxquels chaque marché permettrait le libre accès. Gucht a remarqué que, pour le moment, les négociations se sont concentrées sur la partie normative du traité, qui comprend les règles d’origine, les achats publics, les investissements et les services, et les mécanismes de résolution de conflits. Le commissaire a souligné que les investissements de l’UE dans les États du Mercosur sont plus importants que ceux réalisés dans d’autres puissances émergentes comme la Russie, l’Inde ou la Chine et il souligné que l’Union Européenne perd des parts de marché en Amérique Latine en faveur de l’Asie, « notre principal concurrent ».
Cependant, au Luxembourg, la Commission Européenne a annoncé qu’elle présentera dans les prochaines semaines une étude de l’impact d’un accord avec le Mercosur sur l’agriculture européenne, après avoir à nouveau entendu les craintes des 11 pays de l’UE sur les négociations avec le bloc latinoaméricain. Le commissaire européen à l’Agriculture, de Dacian Ciolos, a expliqué dans une conférence de presse, à la fin du Conseil des Ministres de l’Agriculture de l’UE, que cette évaluation d’impact « est dans sa phase finale ». L’Irlande, l’Italie, les pays Bas , la France, la Grèce, la Roumanie, la Pologne, le Portugal, la Belgique, la Slovénie et l’Autriche ont demandé à la CE « la prudence » à l’heure de présenter ses concessions au groupe sudaméricain.
Le rapport d’impact agricole qu’élaborent les services d’Agriculture de l’Exécutif communautaire, sera présenté aux gouvernements des pays de l’UE, ce qui pourrait avoir une certaine influence sur l’offre générale européenne envers le Mercosur. Conformément à l’agenda bi-régional, le prochain round de négociations se tiendra le 2 mai à Asunción, au Paraguay.
Página 12. Le Buenos Aires, le 15 avril 2011.
Traduit de l’espagnol pour El Correo para : Estelle et Carlos Debiasi
Source : http://www.elcorreo.eu.org/?Attaque-de-l-Union-Europeenne-sur-le-Mercosur-via-l-Argentine