Chili : Une loi met en danger les étudiants

Le projet de loi prévoit de punir de 541 jours à 3 ans de prison, les personnes ayant paralysé ou interrompu un service public comme les hôpitaux, les urgences, les services électriques, l'eau potable, les communications, les transports.

Face aux pro­tes­ta­tions étu­diantes qui secouent le pays depuis un an, une loi est en passe d’être votée. Depuis quelques jours, les étu­diants chi­liens sont en alerte. La Loi dite Hinz­pe­ter, peut être approu­vée dans moins de vingt jours et légi­ti­mer l’ac­tion répres­sive du gou­ver­ne­ment chi­lien. Dénon­cée par Amnes­ty Inter­na­tio­nal, Repor­ters sans fron­tières et des fédé­ra­tions étu­diantes, y com­pris en Europe, cette loi risque de faire revivre la période noire de la dictature.

par Ané­mone C. HUBERT 

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La Confé­dé­ra­tion des étu­diants du Chi­li (CONFECH) tente d’at­ti­rer l’at­ten­tion sur ce pro­jet de loi qui existe depuis octobre 2011. La loi de la Sau­ve­garde de l’ordre public est dénom­mée par les étu­diants, loi Hinz­pe­ter en réfé­rence à son auteur, le Ministre de l’In­té­rieur chi­lien. Ce pro­jet de loi vise à punir de peines de pri­son tout mou­ve­ment social. Une simple pro­tes­ta­tion avec le bruit des cas­se­roles — signe d’op­po­si­tion durant la dic­ta­ture, peut être consi­dé­rée comme “ter­ro­risme d’E­tat” par cette loi. La CONFECH a publié un fol­der expli­quant les faits que la loi punirait. 

L’ar­ticle 269 du pro­jet de loi pré­voit de punir de 541 jours à 3 ans de pri­son, les per­sonnes ayant:_ para­ly­sé ou inter­rom­pu un ser­vice public comme les hôpi­taux, les urgences, les ser­vices élec­triques, l’eau potable, les com­mu­ni­ca­tions, les trans­ports. Comme le pré­cise le fol­der envoyé par les diri­geants étu­diants, de punir l’oc­cu­pa­tion d’é­coles en signe de pro­tes­ta­tion. Fait ini­tié dans de nom­breux lysées et uni­ver­si­tés durant l’an­née 2011.

Elle pré­voit éga­le­ment de rendre punis­sable : _ l’en­va­his­se­ment, l’oc­cu­pa­tion ou le sac­cage des habi­ta­tions, des bureaux, des éta­blis­se­ments com­mer­ciaux, indus­triels, édu­ca­tifs, reli­gieux entre autres. Nette réfé­rence à l’ac­tion paci­fique menée par une poi­gnée d’é­tu­diants au sein des locaux de la chaine chi­le­vi­sion, dont le capi­tal est déte­nu par le Pré­sident Sebas­tian Pinera.

Troi­sième point punis­sable : _Empêcher ou alté­rer la libre cir­cu­la­tion des indi­vi­dus et véhi­cules sur des ponts, rues, routes et autres biens d’u­sages publics simi­laires. La Confech pré­cise que sont visées les marches inter­dites à la der­nière minute. Comme ce fut le cas le 15 mars der­nier dans une marche convo­quée par les étu­diants du secon­daire, qui a vu le déploie­ment répres­sif des cara­bi­niers du Chili.

L’or­ga­ni­sa­tion étu­diante natio­nale relève trois autres points du pro­jet de loi : _ Celui d’at­ten­ter contre l’au­to­ri­té ou ses agents (ndlr : les cara­bi­niers du Chi­li), celui d’employer des armes à feu ou un élé­ment incen­diaire. Mais sur­tout, l’or­ga­ni­sa­tion étu­diante pointe la dan­ge­ro­si­té du point auto­ri­sant l’ar­res­ta­tion de toute per­sonne ayant inci­té à une marche dans la ville. Autre­ment dit, la légi­ti­mi­té d’ar­rê­ter un lea­der étudiant.

Depuis le mois de mars, ceux-ci reçoivent l’aide de l’Ins­ti­tut des Droits de l’Homme du Chi­li qui envoie des obser­va­teurs lors des marches étu­diantes afin d’é­vi­ter des arres­ta­tions arbi­traires d’é­tu­diants. De son côté, Repor­ters sans fron­tières a sup­plié le gou­ver­ne­ment chi­lien de reti­rer le volet per­met­tant la sai­sie de maté­riels jour­na­lis­tiques comme le sti­pule l’ar­ticle 83 du Code Pénal.

Durant les vacances sco­laires des mois de Jan­vier et Février, les étu­diants se sont mobi­li­sés contre ce pro­jet de loi met­tant en dan­ger la liber­té d’ex­pres­sion, de droit de mani­fes­ter, et inter­di­sant toute forme de pro­tes­ta­tion sociale. Depuis son entrée au congrès en octobre 2011, le pro­jet de loi a été dépo­sé trois fois en “urgence” par le gou­ver­ne­ment chi­lien. Ven­dre­di der­nier, il réité­rait une qua­trième ten­ta­tive. En réac­tion, les diri­geants étu­diants de la CONFECH réa­lisent une semaine “agi­ta­tion contre le Loi Hinzpeter”. 

Le 21 mai der­nier, les fédé­ra­tions étu­diantes du monde entier- plus de 20 mil­lions d’é­tu­diants, exi­geaient l’ar­rêt immé­diat de ce pro­jet cri­mi­na­li­sant le mou­ve­ment étu­diant chi­lien. Deux jours après, ils étaient rejoints dans leur décla­ra­tion par Amnes­ty Inter­na­tio­nal, qui en des termes durs, n’hé­si­tait pas à dénon­cer des cas de tor­tures sur des étu­diants. Cas déjà dénon­cés en jan­vier devant la Haute Com­mis­saire de l’O­NU en Suisse par la prin­ci­pale lea­der étu­diante chi­lienne, Cami­la Vallejo.

Action de soli­da­ri­té mon­diale pour le Chili

Miles de estu­diantes fir­man una soli­da­ri­dad mun­dial con Chile

Amnes­ty Internacional

http://www.emol.com/noticias/nacional/2012/05/23/542033/amnistia-internacional-chile-rechaza-proyecto-de-ley-hinzpeter-por-vulnerar-ddhh.html

http://www.lanacion.cl/amnistia-internacional-pide-al-gobierno-que-actue-ante-denuncias-contra-la-policia/noticias/2012 – 05-23/222953.html

Source de l’ar­ticle : ago­ra­vox