Expulsion du Gesù : pourquoi maintenant, pourquoi comme ça ?

le Ciré, Méde­cins du Monde, LDH, Bruxelles Laïque & Amnes­ty International

La com­mune de Saint-Josse a fini par mettre à exé­cu­tion l’expulsion du squat du Gesù

Ce lun­di 4 novembre à 6 h, la com­mune de Saint-Josse a fini par mettre à exé­cu­tion l’expulsion du squat du Gesù annon­cée depuis le jeu­di 31 octobre. Pour dénon­cer la manière dont cette expul­sion a été menée, le Ciré, Méde­cins du Monde, la Ligue des Droits de l’Homme, Bruxelles Laïque et Amnes­ty Inter­na­tio­nal ont co-signé un com­mu­ni­qué de presse.

Communiqué du Ciré, de Médecins du Monde, de la Ligue des Droits de l’Homme, de Bruxelles Laïque et d’Amnesty International du 4 novembre 2013

Ce matin, à 6h, la com­mune de Saint-Josse a fini par mettre à exé­cu­tion l’expulsion du squat du GESU annon­cée depuis le jeu­di 31 octobre. Les per­sonnes les plus vul­né­rables qui res­taient au GESU, notam­ment des familles avec enfants en bas âge et des per­sonnes âgées, ont été éva­cuées de force par 200 poli­ciers cas­qués, après que la tren­taine de mili­tants pré­sents toute la nuit pour les sou­te­nir se soit fait vio­lem­ment repous­ser. Le reste des habi­tants, en par­ti­cu­lier les sans-papiers, avaient pris le soin de fuir dans les jours pré­cé­dents pour échap­per à une pos­sible arrestation.

Pourquoi une telle urgence, tout à coup ?

Les condi­tions d’insécurité bran­dies par le Bourg­mestre de Saint-Josse Emir Kir jus­ti­fiaient-elles de créer une telle insé­cu­ri­té pour les habi­tants de ce squat, pour cer­tains pré­sents depuis plus de quatre ans ? Jus­ti­fiaient-elles un tel défer­le­ment poli­cier ? N’était-il pas pos­sible de régler ces pro­blèmes de délin­quance et de cri­mi­na­li­té, s’ils s’avéraient jus­ti­fiés, par des moyens poli­ciers adap­tés et d’arrêter les per­sonnes qui met­taient en dan­ger les condi­tions de vie des autres sans expul­ser l’ensemble du GESU pré­ma­tu­ré­ment, avant que les solu­tions annon­cées par le Bourg­mestre et le Secré­taire d’État au loge­ment soient réel­le­ment en place ?

Jusqu’alors, seul le loge­ment en squat per­met­tait une sta­bi­li­té à de nom­breuses familles. Des solu­tions de relo­ge­ment et d’accompagnement social sem­blaient se déga­ger pour l’avenir, per­met­tant d’entrevoir une évo­lu­tion posi­tive pour les habi­tants du GESU. Pour­quoi cas­ser cette dyna­mique alors qu’il n’y avait pas d’urgence avérée ?

Des familles se retrouvent actuel­le­ment mas­sées dans le gym­nase de la rue Verte à Saint-Josse dans des condi­tions incer­taines et ce, pour être dis­pat­chées vers des loge­ments d’urgence. Les solu­tions de relo­ge­ment annon­cées par le Bourg­mestre et le Secré­taire d’État au loge­ment, aus­si posi­tives et impor­tantes soient-elles, risquent de ne pas être tota­le­ment opé­ra­tion­nelles avant un long moment. Les solu­tions de relo­ge­ment par FEDASIL, quant à elles, sont clai­re­ment des voies sans issues si elles n’ont pour seul objec­tif que de pla­cer les per­sonnes concer­nées en centre de retour et inci­ter, in fine, à la clandestinité.

La démons­tra­tion de force est une vio­lence ins­ti­tu­tion­nelle inutile. Elle pro­voque des dégâts humains dif­fi­ci­le­ment répa­rables notam­ment sur les enfants et fra­gi­lise les bases de l’intégration. Com­ment faire confiance à des ins­ti­tu­tions qui ont ordon­né quelques mois plus tôt que l’on vienne vous cher­cher à 6h du matin avec bou­cliers et matraques ? Nos asso­cia­tions regrettent ce qu’elles vivent comme un “pas­sage à l’acte” uni­la­té­ral du Bourg­mestre de Saint-Josse avec lequel elles avaient démar­ré un impor­tant chan­tier visant à l’intégration des familles étran­gères en très grande pré­ca­ri­té errant à Bruxelles depuis des années. Elles demandent que les condi­tions véri­tables d’une sta­bi­li­sa­tion à long terme soient recher­chées en urgence, dans la trans­pa­rence, en concer­ta­tion avec toutes les par­ties pre­nantes et sui­vant les prin­cipes énon­cés col­lec­ti­ve­ment dans leur mani­feste pour les familles en grande précarité.