Source : Rolando Segura, envoyé spécial de TeleSur, depuis son blog : http://rolandotelesur.blogspot.com/
Libye, L’OTAN intensifie les bombardements pour ’’protéger les civils’’
mardi 10 mai 2011
Qui n’a entendu des avions sillonner le ciel ? D’abord le son intense qui monte et qui se dissipe peu à peu jusqu’à disparaître.
Mais la sensation est différente quand des avions de chasse militaires reviennent incessamment à l’attaque, pilonnant un “objectif”, prêts à détruire et à tuer avec une “précision chrirurgicale”. Alors le bruit pénètre la peau et les os sont secoués. Nouvelle explosion. De nouveau la terre et les murs résonnent. Quelqu’un pleure, une nouvelle vie s’éteint. A Tripoli cette expérience est devenue habituelle, mais non moins terrifiante.
La nuit dernière et à l’aube huit explosions dans la capitale Libyenne. Deux, aux moins, ont fait trembler les vitres de notre chambre.
C’est l’OTAN qui vient protéger protéger les civils ; “comment est-il possible alors de dormir entre des sauts d’angoisse et d’horreur ?” (1)
Nous sommes allés au quartier de Dahmani dans le centre de la ville. En arrivant on nous raconte et nous observons la mission “salvatrice” des derniers missiles dans une aire abondante de résidences civiles.
Après avoir massacré des zones civiles dans les dernières semaines, après avoir bombardé et détruit des installations universitaires ou de la télévision publique, pour la deuxième fois les bombardements choisissent comme cible les installations de la Cour Suprême Libyenne, les bureaux du Ministère Public, ainsi que les institutions de droits de l’homme, civils et de protection des femmes et enfants, en plus de réhabilitation des sourds et muets de Tripoli.
A environ 100 à 700 mètres de là, deux tours de télécommunications semblent intactes. La Télévision publique Libyenne réagit immédiatement : “c’est un nouveau défi à la conscience du monde, et une violation flagrante de toutes les chartes, traités et conventions internationales destinées à protéger les institutions judiciaires et de protection des mères, femmes et enfants handicapés”.
Hosin Ban Garza, travailleur des installations à présent détruites, vient vers nous et dit : “Y a‑t-il des équipements militaires ici ? Ce que fait l’OTAN est dégueulasse”
Au retour à l’hôtel, de nouvelles explosions. Nous repartons vers le centre habité de Trípoli et nous voyons un immeuble de béton touché par un missile. A peu de mètres, un hôpital vit des moments de tension, avec des personnes blessées ; des vitres, des toits et des lampes brisées. “Ceci n’est pas une zone militaire” nous dit Mohamed Alí.
Selon le gouvernement libyen, quatre enfants au moins ont été blessés par des éclats de verre après les bombardements et deux d’entre eux “se trouvent en thérapie intensive”.
Mais l’OTAN affirme avoir détruit trois “centres de commandement et de contrôle” à proximité de Tripoli. Carmen Romero, porte-parole de l’Alliance, assure que la stratégie est la même : “réduire le plus possible la capacité du régime de Kadhafi de bombarder des civils”.
L’évêque de Tripoli, Giovanni Martinelli, vient de déclarer à l’agence vaticane “Asianews” que rien qu’hier 30.000 personnes ont fui vers la Tunisie.
“Combien de cauchemar reste-t-il encore ?” (2)
Notes :
(1) Silvio Rodríguez, Canción : Sueño de una noche de verano. http://www.cancioneros.com/nc/1418/0/sueno-de-una-noche-de-verano-silvio-rodriguez
(2) Ibid