Les aides ménagères lèvent la voix

Sec­teur majo­ri­tai­re­ment fémi­nin, les aides ména­gères tra­vaillent dans l’ombre. Ce 18.11.19, elles se sont ras­sem­blées pour la pre­mière fois afin d’exprimer publi­que­ment et col­lec­ti­ve­ment leur droit à un tra­vail valo­ri­sé avec un salaire digne. Cette vidéo a été réa­li­sée par les femmes de la ligue des tra­vailleuses domes­tiques en sou­tien à la lutte des aides ménagères.

Au 21e siècle, la figure mas­cu­line de l’ouvrier est une femme, tra­vailleuse domes­tique appar­te­nant bien sou­vent à des mino­ri­tés raci­sées, iso­lée dans un tra­vail régit par une conven­tion col­lec­tive abu­sive et où la fron­tière entre ser­vice et ser­vi­tude devient poreuse. Lorsque les socio­logues évoquent cette nou­velle classe ser­vile, elles dési­gnent un grand mar­ché glo­bal du tra­vail domes­tique, qui incite les femmes de pays ou de régions pauvres à migrer, pour ser­vir, au Nord comme au Sud, des familles aisées 1.

En Bel­gique, le front com­mun syn­di­cal a intro­duit un pré­avis de grève à durée indé­ter­mi­née pour mettre en lumière ces injus­tices. Les négo­cia­tions pour de nou­velles condi­tions de tra­vail et de salaires dans le sec­teur des titres-ser­vices sont dans l’impasse suite au refus patro­nal d’augmenter les salaires d’à peine 1,1%, comme cela se fait dans la plu­part des sec­teurs. Pour les 140.000 aide-ména­gères,  l’enjeu est de taille 2.

Pour­tant, c’est un sec­teur lar­ge­ment sub­si­dié, majo­ri­tai­re­ment fémi­nin, avec de nom­breux temps-par­tiels, volon­taires ou non et beau­coup de familles mono­pa­ren­tales. Le salaire mini­mum y est de 11,04 €, ce qui a pour consé­quences que de nom­breuses tra­vailleuses vivent, mal­gré la péni­bi­li­té de leur tra­vail, sous le seuil de pauvreté.

Cepen­dant, les employeurs consi­dèrent qu’une prime unique nette, sous forme d’éco chèques équi­valent à 0,6% net de la marge sala­riale, serait suf­fi­sante. Pour rap­pel, la norme pour les négo­cia­tions sec­to­rielles 2019 – 2020 a été fixée à 1,1%. Pour un temps-plein, cela cor­res­pond à un éco chèque de 130 €. Mais pour la plu­part des tra­vailleuses, occu­pées à temps par­tiel, il ne s’a­gi­ra en réa­li­té que de 65€.

Ces tra­vailleuses sont trop sou­vent lais­sées pour comptes, alors qu’elles font en sorte que plus d’un mil­lion de familles ou entre­prises se retrouvent quo­ti­dien­ne­ment dans un lieu de tra­vail ou de vie propre et orga­ni­sé et qu’elles per­mettent à toute une par­tie de la popu­la­tion de pou­voir aller travailler.

  1. https://www.liberation.fr/auteur/19991-caroline-ibos
  2. https://www.lacsc.be/la-csc/secteurs/services-aux-personnes-et-aux-entreprises/secteurs/322.01-titres-services/actualites/2019/11/18/titres-services‑n%C3%A9gociations-dans-l-impasse

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