Sous ses allures architecturales dignes d’une usine, le fonctionnement actuel d’un hôpital semble tristement s’en rapprocher. Les limites se fondent, les soignant.e.s perdent leurs repères. Leurs rêves, leurs espoirs et leur motivations premières s’effritent au fil des ans, des législations et des nouveaux « managers ». S’ils pensaient faire ce métier pour prendre soin des autres, ils n’imaginaient pas que la réalité en serait si loin. Les soignant.e.s des hôpitaux bruxellois poussé.e.s à bout par la logique de marchandisation des soins de santé témoignent.
Depuis février, les travailleuses et les travailleurs des soins de santé, des services publics puis du privé, réclament un refinancement du secteur. Refinancement refusé par le parlement à l’époque. Mais depuis, une forte mobilisation a permis de débloquer 67 millions pour 2019 et probablement 400 millions pour toute l’année 2020. Mais face aux milliards d’économies réalisées ces dernières années, cette somme est insuffisante. En effet, entre 2014 et 2019, une économie de 2.1 milliards d’euros a été imposée dans les soins de santé avec des répercussions importantes sur la qualité des soins, les remboursements des médicaments, le financement des hôpitaux, etc…
Ce budget est donc un bon début, il permettra de l’engagement, mais il ne concerne malheureusement pas les maisons de repos qui sont en grande souffrance. Ensuite, rien n’est pensé pour les patients qui ont fort souffert des réformes de la ministre De Block. Enfin, ce budget ne règle pas la dynamique oppressive et productiviste du management dans les institutions de soins.
« La santé en lutte » dénonce la marchandisation du secteur de la santé. L’humain doit être remis au centre des priorités et non le profit ou la rentabilité. La santé ne doit pas être rentable mais efficace et humaine. Notre système de santé fonctionne à deux vitesses, laissant les personnes précaires dans la maladie. En effet, la précarité peut couter jusqu’à 13 ans d’espérance de vie en Belgique selon Médecins du Monde. Seules les personnes pouvant s’offrir des assurances complémentaires ou privées accèdent à des soins de qualités. Il est inadmissible dans une société aussi riche que la nôtre que de plus en plus de personnes ne se soignent pas pour des motifs financiers. Avec les récentes réformes, une part financière de plus en plus importante est à charge des patient·e·s s. En parallèle, les entreprises pharmaceutiques augmentent leur profit. Leur influence ne cesse de croitre auprès de nos gouvernants et affecte notre système de santé.
« La santé en lutte » est une organisation de travailleuses et de travailleuses de la santé : infirmièr·e·s, sages-femmes, brancardièr·e·s, aides soignant·e·s, personnel de la lingerie, de la restauration, personnel de l’entretien ménager, technicien·ne·s, secrétaires, laborantin·e·s, ambulancièr·e·s. « La santé en lutte » regroupe également des patient·e·s et des citoyen·ne·s concerné·e·s par les enjeux de santé. Toutes et tous revendiquent un refinancement des soins de santé, l’arrêt de la marchandisation du secteur et l’implication du personnel et des usagers dans le processus décisionnel. Ceci afin d’offrir à l’ensemble de la population, peu importe l’origine sociale ou culturelle, un service humain, complet et de qualité. « Plus d’effectifs, plus de salaire et plus d’humanité » voilà le mot d’ordre du mouvement.
Les différentes revendications sont consultables sur le site www.lasanteenlutte.org et sur la page facebook. « La santé en lutte » fonctionne en assemblée générale, les prochaines ont lieu à Liège le 24 janvier 2020 et à Bruxelles le 7 février 2020.