Le retour d’Aristide…
L’ancien président haïtien Jean Bertrand Aristide a fait le serment de son amour inchangé pour Haiti et témoigné de sa joie de revenir dans son pays 7 ans après son éviction du pouvoir, lors d’une première allocution ce vendredi, peu après son arrivée à l’aéroport Toussaint Louverture de Port-au-Prince.
« Aujourd’hui puisse le peuple haïtien marquer la fin de l’exil et des coups d’Etat… », a‑t-il proclamé en anglais, ne ratant pas dans son intervention une nouvelle occasion de se comparer à Toussaint Louverture, héros de l’indépendance, trahi par la France.
« Mes sœurs, mes frères, si vous pouviez vous pencher sur mon cœur vous entendriez à quel point il bat plus vite. Vous l’entendriez chanter une mélodie de consolation pour Haïti. Haïti, notre mère, qui a besoin de respirer l’oxygène de la dignité pour ne pas s’étouffer dans la honte », a t‑il également déclaré plus loin en créole avec sa verve caractéristique.
Sous la véranda du salon diplomatique de l’Aéroport, Aristide a tenu son discours quelques minutes seulement après l’atterrissage de l’avion privé qui l’a transporté depuis l’Afrique du Sud en compagnie de sa famille, de personnalités politiques et artistiques comme l’acteur américain Danny Glover.
« Honneur et respect pour les 300 mille victimes du tremblement de terre. Respect pour la mémoire de tous ceux qui ont été victimes du cholera ou de catastrophes politiques », a salué à l’haïtienne l’ex-président, qui honore les victimes du séisme et du tsunami survenu au Japon la semaine écoulée. Entre des remerciements à l’Afrique du Sud entre autres, et des témoignages d’affection, Jean Bertrand Aristide qui revient 48 heures avant le second tour des élections générales, n’a pas réussi à éviter totalement le sujet.
Il a dans un premier temps réaffirmé sa reconnaissance à l’égard des « vrais amis » d’Haïti, avant de signaler l’exclusion de son parti Fanmi Lavalass des joutes.
« Les vrais amis étrangers qui sont avec nous aujourd’hui et tous ceux présents en esprit, sont des personnes qui ont toujours cherché à comprendre la profondeur de la souffrance et la profondeur de la dignité qui circule dans le langage du peuple haïtien », a‑t-il déclaré.
« L’exclusion de Fanmi Lavalass, c’est l’exclusion de la majorité. Le problème c’est l’exclusion. La solution c’est l’inclusion de tous les haïtiens sans parti pris », a‑t-il fait savoir.
Les Etats-Unis et la France ont à plusieurs reprises affiché leurs craintes que le retour du chef du parti Fanmi Lavalas avant les élections du 20 mars ne perturbe le vote.
Dans son premier discours en Haiti depuis son départ en 2004, Jean Bertrand Aristide a surtout prêché contre l’exclusion, la violence et en faveur de la dignité haïtienne, la paix et l’éducation pour tous.
« Nous sommes contents de nous tenir aux côtés des jeunes. Vous, la nouvelle génération, qui voulez l’éducation dans la dignité, sans exclusion ». Une éducation digne permettrait « à la nouvelle génération de bénéficier des richesses qui reposent dans les entrailles de notre pays Haïti », a‑t-il indiqué.
Jean Bertrand Aristide signe son retour, deux mois après Jean Claude Duvalier. Le dictateur avait, à l’inverse de celui-là, créé la surprise en débarquant inopinément à Port-au-Prince après 25 ans. Il avait été mis aux arrêts par la justice et fait l’objet de poursuites pour crimes contre l’humanité.