Privées de liberté depuis parfois plusieurs mois, dans une attente interminable et sous la menace d’être expulsées, elles vivent au rythme de l’univers carcéral. L’incertitude ronge, l’éloignement des proches mine, les nouvelles manquent, la santé flanche, les nerfs lâchent, les espoirs finissent par disparaître.
Face à ce contexte d’oppression, les détenues sont solidaires et s’organisent entre elles. C’est pour soutenir leur résistance qu’un rassemblement a eu lieu le dimanche 24 novembre 2019, journée nationale de mobilisation contre les violences faites aux femmes.
Le souvenir de Semira Adamu, jeune nigériane de 20 ans assassinée en 1998 par des policiers à bord d’un avion est dans tous les esprits ce dimanche matin. L’histoire se répète : en novembre 2019 une femme a subit trois tentatives d’expulsion avec violence et malgré une plainte déposée, elle a été expulsée le 18/11/2019.
Elle témoigne après une de ses tentatives d’expulsion : « Ils veulent m’injecter. Parce qu’ils m’ont dit que j’étais très forte, ils m’ont promis que la semaine prochaine ils me mettraient dans un vol et qu’ils me feraient une injection pour me rendre faible et dormir. C’est ce qu’ils font à tout le monde au centre. Et ils t’emmènent à l’aéroport. La première fois ils te ramènent. Ils te prennent la deuxième fois et te ramènent. La troisième fois ils doivent t’injecter. Et j’ai tellement peur ». Depuis lors, aucune nouvelle de cette jeune femme n’a été communiquée.
Les centres fermés et les déportations déshumanisent et mettent en danger tous les jours. Les frontières tuent. Des femmes, des hommes et des enfants subissent quotidiennement ces violences multiples.
Ce système d’enfermement renforce la criminalisation des personnes migrantes. Les militantes présentes sur place revendiquent la fin des expulsions, des centres fermés et de toutes les violences envers les femmes migrantes.