La Belgique semble petite et pourtant… Un groupe de jeunes, à la vie pas facile et à bord d’un solimobile, décident de croquer le bitume, caméra et micro en main. Qu’aller chercher au bout d’un voyage, sinon soi-même ? Un film-prétexte pour un vrai roadmovie-documentaire.
Tout a commencé par la proposition folle de Marco d’entreprendre une longue marche à pied à travers la Belgique, dans le but de trouver un objectif à atteindre… l’enthousiasme et la surenchère collective éleva ce projet au niveau du voyage initiatique et la réalité se chargea de le cantonner à la Belgique, disons à la francophonie, ou disons plus précisément aux antennes de Solidarcité. Cela signifie que les jeunes de Solidarcité d’Anderlecht vont visiter d’autres jeunes, situés à Charleroi, Liège, Namur… Avant cela, la préparation logistique, la gestion d’un budget, d’un itinéraire, logement, nourriture, etc. Mais surtout, trois jours de préparation vidéo, car il s’agit de garder une trace de cette aventure, de réaliser un film, un road movie qu’on nommera ici un road trip.
Les road movies sont des films qui sont tournés “sur la route”. Souvent, le lieu de l’intrigue est la route elle-même et pas les endroits qui la traversent. C’est souvent une métaphore du temps qui passe, de la vie, de nos rencontres et de nos divorces. Le thème commun dans ce genre cinématographique est que le protagoniste, qui traverse une crise d’identité, entreprend un voyage au même titre qu’une quête existentielle. Le fond est composé de paysages explorés et de rencontres avec des personnages excentriques qui vivent sur place. Au risque de se perdre, le voyageur développe instinctivement une relation fétichiste avec son véhicule, comme le naufragé avec son radeau.
Mais le réalisateur de road movie est obligé de suivre les règles imposées par le genre, il est en quelque sorte prisonnier du dispositif, sinon le film n’est plus un road movie. Il doit chercher en quelque sorte la manière de s’en libérer. Faut-il rappeler que la recherche de la liberté ne se fait pas nécessairement sur le tarmac ? Dans notre civilisation de l’image, des réseaux mal nommés « sociaux » et du fichage par google, nous sommes tous devenus constamment accessibles et tout est en permanence filmé. A quoi bon voyager pour filmer si Google Earth filme tout ? Pas étonnant que le genre s’épuise et que les nouveaux road movies sont devenus rares. Tout-cela pèse bizarrement sur le groupe qui n’avait jamais pensé à renouveler le genre.
Un road movie, c’est un ou plusieurs personnages qui voyagent, c’est un véhicule, c’est une route et du paysage qui défile. Sur ce chemin il y a des rencontres avec d’autres jeunes qui sont dans le même processus qu’eux et qui devront les amener à l’échange et à l’ouverture d’esprit, car au bout de la route, c’est souvent soi-même qu’on retrouve.
Embarqués une semaine ensemble implique une promiscuité, inattendue, les caractères se dévoilent, surtout lors de la prise de décision commune. Billy, le responsable du groupe l’a bien dit : « Nous avons vécu toute la semaine ensemble, cela a permis aux volontaires de mon groupe de mieux se connaître et de connaître la vie en groupe. Cela a aussi permis de renforcer les liens au sein du groupe. »
Mais une aventure n’est valable que si les plans sont régulièrement modifiés, les pistes brouillées et l’organisation bousculée. Faudra s’adapter… Peut-on atteindre des objectifs sans méthode ? Filmer, voyager, rencontrer… ?
Être réaliste et connaître ses limites, cela s’apprend. Car lorsqu’on est le protagoniste d’un road-movie, on est clairement de passage, mais surtout, on n’est jamais le même à la fin.
Cependant, Billy, refuse de mener le groupe, il tente une définition qui fonctionne comme un manifeste : « Je fonctionne beaucoup sur la confiance. S’ils me font confiance et que je leur fais confiance, je peux tourner la terre entière avec eux. S’ils ne sont pas motivés, mettent des bâtons dans les roues, ne participent pas, cela ne me donne pas envie de faire un super projet avec eux.
Si j’ai fait ce voyage avec eux, c’est que c’est un super groupe car c’est la plus grande preuve de confiance que je peux leur faire et qu’ils peuvent me faire en échange. Avec mon métier, je suis vraiment dans l’échange, un éducateur ne doit pas éduquer les autres, il ne doit pas montrer l’exemple, il doit vivre les choses avec eux. »
Solidarcité est un contrat citoyen volontaire, d’un an, où le jeune en difficulté s’engage à travailler avec le monde citoyen.…