Durant la période de confinement à Bruxelles, quelques jeunes essayent de maintenir une vie sociale, mais à distance ce n’est pas pareil et tous ne le vivent pas de la même manière. C’est une période d’incertitudes, d’anxiété mais où l’échange des ressentis reste précieux.
Durant la période de confinement à Bruxelles, quelques jeunes essayent de maintenir une vie sociale, mais à distance ce n’est pas pareil et tous ne le vivent pas de la même manière. C’est une période d’incertitudes, d’anxiété mais où l’échange des ressentis reste précieux. L’arrivée du covid-19 est venu interrompre un processus pédagogique qui avait démarré en mars avec les jeunes de Solidarcité. Initiés au départ aux méthodes de prises de vues documentaire, après avoir défini un projet possible, munis d’une caméra et d’un micro ils se préparaient à affronter le réel… Les participants de l’atelier étaient suffisamment « boostés » pour qu’ils puissent de manière autonome se charger à la fois de la technique et à la fois de la réalisation du projet filmique dans son ensemble. La gestion et entretien du matériel implique introduire une discipline de travail, qui amène un rituel quotidien tandis que la réalisation implique des discussions autour du contenu et des choix artistiques. Ces moments sont précieux car c’est le lieu où se partagent les doutes, où se discutent les bons ou mauvais choix, les corrections à apporter… c’est là qu’on peut encore orienter le film.
Mais le confinement nous a ramené chacun à notre réalité et nous avons été contraints d’avorter le projet. Démoralisés mais pas découragés, nous avons dû nous réinventer chacun chez soi. Le temps passa, on compta les jours et les morts… Puis, un échange téléphonique avec Billy, le responsable d’équipe de Solidarcité, nous a permis d’avoir des nouvelles des jeunes qui demandaient également de nos nouvelles et se demandaient si nous allions abandonner le projet de film. Ils étaient désireux de rebondir, ne pas perdre le lien et voir la possibilité de faire un film quand-même dans cette situation inédite.
Un dialogue s’est mis en place à travers les logiciels de communication, des questions sont apparues, mais aussi des réponses. Comment filmer dans ces conditions, quoi filmer et surtout quoi raconter ? Comment reprendre le fil ? Comment recommencer à zéro ?
Aux messages vidéos skype ont succédé des essais filmés en tiktok, instagram, snapchat, Twitter, InShot, premiere rush, prequel, videostar… Ce sont des applications de montage vidéo smartphone dont nos participants se révèlent être des maîtres en la matière et dont nous, les encadrants, découvrons leur existence.
Puis on s’est dit… et pourquoi pas partir de leur matière, utiliser leur langage et le développer afin qu’ils acquièrent une dimension cinématographique ? Cela veut dire qu’il a fallu sélectionner les images et sons ayant une certaine qualité, les combiner avec d’autres et trouver un sens.
Vers mi-juin, le déconfinement nous a permis de nous retrouver, c’était émouvant. Réunis dans la salle de projection du Pianofabriek il nous a aussi fallu appliquer les règles de distanciation physique. Mais l’espace le permettait et nous avons projeté les images sélectionnées. Nous les avons analysées méthodologiquement en soulignant les défauts et les qualités de ces réalisations, en mettant en avant leur potentiel cinéma et combinaisons possibles.
Après cette première vision, nous sommes passés en mode « nouvelles missions » et les discussions ont révélé des nouvelles pistes et des nouvelles images à faire. Les jeunes ont également pu témoigner de ce qu’ils ont vécu dans un cadre propice pour réaliser des interviews sonores, loin de la contrainte, de la lourdeur et de la mise en scène qu’impose un dispositif caméra. Des équipes se sont formées pour réaliser un montage sonore sur base de ces interviews et pour réaliser des nouvelles version du film afin de peaufiner notre rubis. A chaque vision nous proposions une structure narrative qui prenait forme au fur et à mesure de nos échanges. Jusqu’à nous dire : nous avons un film ! Un film qui s’intitule : Souvenirs du Covid-19.