Propositions qui contribuent à redresser l’orientation à gauche
Encore un parti ? Où plutôt des millions de voix ?
Si un seul parti devait être fondé pour construire une alternative de gauche, cela se saurait. Pourtant nous insistons sur cette méthode depuis des années, sans résultat. Au Chili, il existe plus de 41 partis (25 légaux, 8 en formation et 8 en cours), et des dizaines de groupes qui produisent une abondante propagande sur les réseaux sociaux. La plupart d’entre eux sont franchement à gauche. Ce sont des efforts respectables qui diluent la tempête technologique, scientifique et culturelle de la nouvelle ère que vit l’humanité.
Alors quoi ? Abandonner ? Jamais !
Mais soyons clairs : tant que les aspirations au changement social s’embourbent dans les règles et les schémas organiques imposés par le système, nous serons foutus. Nous devons construire de nouvelles formes d’organisation. De type horizontal qui oriente des millions d’hommes et de femmes, chacun d’entre eux étant un monde de fabrication idéologique et philosophique qui, néanmoins, coïncident dans leurs aspirations à la justice sociale.
Dans cette recherche, nous devons stimuler les opinions et les propositions qui contribuent à redresser l’orientation à gauche. Une très sérieuse a été formulée par Raúl Pellegrin Arias (*), membre de longue date du Parti Communiste, un parti qu’il a quitté parce qu’il le considérait “érodé par sa calcification et sa perte de crédibilité”. Plus ou moins la même raison qui a poussé plusieurs milliers de personnes à quitter les partis de gauche.
La proposition de Raúl Pellegrin Arias propose essentiellement ceci : “A mon avis, nous devons travailler dans de multiples directions : soyons comme les tournesols. A quoi ressemble le tournesol ? Ce sont des organismes qui se nourrissent de la vie, de leurs racines, de l’eau, de la terre et du soleil : ils bougent constamment pour mieux assimiler l’énergie et la joie. Les tournesols sont généreux, ils jettent leurs graines au vent pour fertiliser plus de vie. Et surtout, les tournesols ne perdent jamais leur nord. Ils savent où va la vie. Même si nous nous sentons seuls, même si nous nous sentons désespérés, même si les délais nous semblent très longs, soyons chacun un tournesol actif. Nous avons beaucoup à donner. Dans ce monde, il y a beaucoup de tournesols, approchons-nous des autres et formons des bouquets de tournesols. Lorsque ces bouquets se développeront, ils commenceront à marcher, formant un torrent qui ouvrira une nouvelle vie, et le fil nécessaire de l’unité naîtra”.
Voyons sa proposition de plus près :
“1. être comme les tournesols. Un, deux bouquets, des milliers, en étudiant le comportement humain, en se faisant une conscience, en semant la compréhension de la réalité sociale, en se défendant contre l’exploitation, en luttant pour des revendications comme moyen de se faire une conscience.
2. Organisation. Il me semble que ce n’est pas le moment de faire de grands efforts pour parvenir à une unité formelle, qui prend aujourd’hui des formes infestées de vieux vices de pouvoir, d’hégémonie et d’ambition. Le fil apparaîtra parmi les tournesols sous une forme organique et naturelle.
3. Personnellement, pour assumer cette vie sans tourments. Ce n’est pas une excuse pour dire : “ce problème ne peut être assumé que par les jeunes”. C’est ignorer les racines et l’expérience des gens.
4. Rompre avec l’inertie. “Je m’en fous” “J’en ai rien à …”, sont des expressions de découragement, largement explicables, mais qui peuvent être surmontées par la compréhension et la prise de conscience.
5. Développer une conscience collective pour faire avancer notre peuple. Nous parlons de notre pays. C’est un concept qui vient des racines de notre nationalité, de l’attitude de lutte indéfectible pour la souveraineté de notre terre. Lutter ensemble, sans exclusions.
6. Comprendre que si le passé, du plus profond de notre histoire, a été une lutte acharnée pour surmonter l’inertie du changement, il continuera à en être ainsi. Action et réaction, principes du développement de la matière vivante. Nous devons nous y préparer. La réaction, le capitalisme, a toujours été préparé psychologiquement et matériellement à la répression la plus sauvage et terroriste contre les plus démunis, pour maintenir ce système anti-humain.
Des questions pour plus tard :
“Attendrons-nous impuissants, comme au temps de l’Unité Populaire, que le fascisme frappe à nouveau ? Poursuivrons-nous ces réflexions dans une cellule de haute sécurité ?”
Et réfléchir :
“Aujourd’hui, je me sens libre parce que je dois penser par moi-même et je cherche d’autres hommes, femmes et jeunes qui pensent librement dans le cadre de leurs diversités.
L’important est qu’il y ait beaucoup d’hommes libres, de pensée créative, qui forment de multiples groupes d’étude et d’action, pour préparer la prochaine tentative de compréhension et d’action. Les noms et titres n’ont pas d’importance : Tournesols, Feuilles, Cellules, etc.
Soyons généreux et ne recherchons pas une hégémonie corrosive.
Je propose une communication et une coordination horizontale, sans pyramides de pouvoir”.
Le “mouvement du tournesol” proposé il y a un quart de siècle par l’architecte Raúl Pellegrin, est toujours bien vivant aujourd’hui. Il faut espérer que beaucoup d’autres en sortiront. L’important est de sortir de cette inertie qui nous condamne à une défaite permanente.