Parasite ou les effets économiques du changement climatique

Par Rodri­go Rojas Zamora

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El mostra­dor


tra­duit par ZIN TV

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Par Rodri­go Rojas Zamora

Le chan­ge­ment cli­ma­tique affecte les citoyens dif­fé­rem­ment, selon s’ils sont riches ou pauvres.

Les effets du chan­ge­ment cli­ma­tique touchent tous les pays et toutes les per­sonnes dif­fé­rem­ment. C’est ce que com­prend l’é­minent réa­li­sa­teur sud-coréen Bong Joon Ho, qui ana­lyse les inéga­li­tés entre les classes sociales et le réchauf­fe­ment cli­ma­tique depuis ses deux der­niers films “Snow­pier­cer” (2013) et “Okja” (2017). Dans “Para­site” il mélange ces deux concepts à tra­vers le sym­bole d’une inon­da­tion. Alors que, pour une famille riche, une forte pluie ne fait que l’empêcher de cam­per, pour une famille aux res­sources limi­tées, cette averse se trans­forme en perte de tous ses biens maté­riels. Le chan­ge­ment cli­ma­tique a exa­cer­bé les inéga­li­tés dans le monde, et comme le montre Boon Joon Ho dans Para­site, les catas­trophes natu­relles affec­te­ront les pays et leurs citoyens dif­fé­rem­ment, en fonc­tion de leur déve­lop­pe­ment socio-économique.

“Para­site”, nomi­né dans six caté­go­ries aux Oscars ce dimanche, lau­réat d’un Gol­den Globe du meilleur film en langue étran­gère et de la Palme d’Or à Cannes, raconte l’his­toire de la famille Kim, au chô­mage, qui s’in­tro­duit len­te­ment dans la demeure fami­liale des Park. Par le biais d’un faux cer­ti­fi­cat uni­ver­si­taire, le fils aîné des Kim devient le tuteur de la fille aînée de l’autre famille, créant ain­si un pont direct pour obte­nir un emploi pour sa sœur, son père et plus tard sa mère. Mal­gré le fait qu’un fos­sé social incom­men­su­rable existe entre les deux familles, les Kim et les Park — tout comme les para­sites — com­mencent à avoir besoin les uns des autres pour sur­vivre. Du moins, jus­qu’à ce qu’un déluge biblique confronte les pro­ta­go­nistes et mette en évi­dence toutes leurs dif­fé­rences sociales.

Les dif­fé­rentes consé­quences que ces familles subissent face à l’i­non­da­tion créée par Bong Joon Ho ne sont pas du tout éloi­gnées de la réa­li­té. L’é­tude “Glo­bal war­ming has increa­sed glo­bal eco­no­mic inequa­li­ty” (Le réchauf­fe­ment cli­ma­tique a accru l’i­né­ga­li­té éco­no­mique mon­diale), éla­bo­rée par Noah S. Dif­fen­baugh et Mar­shall Burke de l’u­ni­ver­si­té de Stan­ford, a quan­ti­fié les consé­quences du chan­ge­ment cli­ma­tique sur l’é­co­no­mie mondiale.

L’un des résul­tats les plus per­ti­nents de cette recherche a été que les pays les plus riches — situés prin­ci­pa­le­ment dans des régions plus froides — ont béné­fi­cié du chan­ge­ment cli­ma­tique. D’autre part, les nations les plus pauvres — sou­vent situées autour de l’é­qua­teur — sont aujourd’­hui plus pauvres en rai­son du réchauf­fe­ment cli­ma­tique. De légères varia­tions de tem­pé­ra­ture ont entraî­né des chan­ge­ments dans les sys­tèmes de pro­duc­tion et la reprise après une catas­trophe natu­relle a été pro­por­tion­nel­le­ment plus com­plexe dans ces pays.

L’étude pré­voit que, sans le chan­ge­ment cli­ma­tique, l’Inde et le Nige­ria seraient res­pec­ti­ve­ment 30 % et 29 % plus riches

Comme le montre “Para­site”, aujourd’­hui une famille nor­vé­gienne pour­rait perdre ses élé­ments de base avec les effets d’une inon­da­tion ; tan­dis que, avec une inon­da­tion de carac­té­ris­tiques simi­laires, une famille indienne pour­rait com­pro­mettre tous ses biens maté­riels. L’é­tude pré­voit que, sans le chan­ge­ment cli­ma­tique, l’Inde et le Nige­ria seraient res­pec­ti­ve­ment 30 % et 29 % plus riches. Contrai­re­ment à la Nor­vège et au Cana­da, qui ont obte­nu des résul­tats posi­tifs avec les effets du réchauf­fe­ment climatique.

L’é­tude de Dif­fen­baugh et Burke affirment qu’en sup­pri­mant le fac­teur “réchauf­fe­ment cli­ma­tique” du cadre des inéga­li­tés mon­diales, les inéga­li­tés éco­no­miques entre les pays auraient dimi­nué plus rapi­de­ment. Les inon­da­tions, les séche­resses, la fonte des glaces ou l’é­lé­va­tion du niveau des mers creusent le fos­sé des inéga­li­tés socio-éco­no­miques dans le monde. Le dilemme qu’ouvre Bong Joon Ho est que nous, les humains, sommes deve­nus des para­sites les uns des autres, mais aus­si de la pla­nète Terre. En fait, le déluge pour­rait être le sym­bole de l’ac­cé­lé­ra­tion par les hommes eux-mêmes de la sixième grande extinc­tion d’es­pèces de l’histoire.