Persécuter, intimider, censurer et faire violence à un collectif artistique féministe
L’institution policière a présenté devant le parquet de Valparaiso une action judiciaire engagée contre les quatre membres du collectif. Le groupe, pour sa part, dénonce la censure et bénéficie par ailleurs du soutien des organisations féministes.
Elles ont fait irruption à Valparaiso en pleine explosion sociale. Le collectif Las Tesis est devenu une icône du mouvement féministe mondial avec sa performance “Un violador en tu camino” (Un violeur sur ton chemin) et font aujourd’hui l’objet d’une plainte déposée par les carabiniers.
En réponse à une vidéo publiée dans les réseaux sociaux le 27 mai, l’institution a déposé une plainte auprès du parquet de Valparaiso pour “atteinte à l’autorité” et menaces contre l’institution, crimes qui seraient justifiés à la lettre par cette nouvelle prestation.
“Compte tenu du contenu et de la portée des expressions reproduites ci-dessus, dirigées contre les carabiniers du Chili et ses membres, il est évident que l’appel en question vise à créer une animosité intentionnelle envers cette institution, mettant en évidence et accusant à juste titre, en premier lieu, des comportements répressifs et des attaques contre l’intégrité physique du grand public, appelant à une intimidation claire des membres de cette institution”, déclare une partie de l’action présentée par les carabiniers.
“Feu aux flics, feu aux sbires” font partie des phrases relevées par les carabiniers qui ont motivé la plainte, un fragment qui n’est plus disponible dans la vidéo sur internet.
Pour leur part, Las Tesis assurent qu’elles ont appris la plainte par la presse. Des organisations telles que le réseau chilien contre la violence à l’égard des femmes ont réagi pour défendre les militantes : “Il semble impensable qu’une institution étatique comme les carabiniers du Chili puisse utiliser des ressources et du temps fiscal qui nous appartiennent à tous pour poursuivre l’expression artistique et culturelle de la dénonciation”, disent-ils.
Entre-temps, l’association des avocates féministes (ABOFEM) assure que la dénonciation n’a aucun fondement. Carolina Sepúlveda, représentant l’organisation, soutient que “nous considérons que ce type de vidéo ne constitue pas un crime (…). Il s’agit en fait de manifestations politiques, ce sont des manifestations artistiques d’une critique sociale profonde (…) En aucun cas, il ne s’agit d’une incitation à un acte criminel”.
Intimidation
Enfin, le gouvernement s’est également exprimé par l’intermédiaire du ministre de l’Intérieur, Gonzalo Blumel, qui a soutenu l’action des carabiniers : “L’institution a tout le droit d’exercer les actions qu’elle juge pertinentes pour défendre la dignité et l’image de l’institution comme il se doit”.
Pour l’instant, le bureau du procureur de Valparaiso a émis un ordre d’enquête sur l’affaire.
Réponse à l’intimidation
Le collectif Las Tesis a fait une publication sur leurs réseaux sociaux après la libération de la police : Dans la cuisine, ils nous veulent, confinés à l'ennui du domestique, à la sphère privée, réduits au silence, invisibles. Ils veulent nous renvoyer à ce lieu de subordination dans lequel nous avons été historiquement confinés. Dans ce contexte sociétal très inapproprié, alors que nous sommes confrontés à une pandémie mais aussi à l'inégalité, l'institution qui a le monopole de la violence et qui reste impunie alors qu'elle est la cause de multiples violations des droits humains, prend le temps de persécuter, d'intimider, de censurer et de violer un collectif artistique féministe. Hier, nous avons appris par le biais du journal La Tercera - un média qui prête également sa voix à cet acte répressif et violent — une attaque directe des carabiniers du Chili contre nous et notre travail. Ils veulent nous censurer; ils veulent nous refuser le droit de nous exprimer à travers l'art ; ils veulent nous refuser le droit de protester en déformant notre travail et en nous blâmant avec des termes inappropriés. Cette action ne fait que montrer l'abus de pouvoir systématique de cette institution, assimilant la poésie à la violence réelle dont elle est l'auteur, refusant un espace à la métaphore, à l'art, à l'activisme et à la dénonciation légitime que depuis octobre les gens crient partout. Aujourd'hui, la violence est perpétrée directement contre nous, mais aussi contre toutes les femmes, les dissidents et ceux qui se trouvent dans cette lutte contre le patriarcat et ses institutions néfastes. Mais nous ne serons pas réduits au silence, plus jamais. Merci beaucoup à toutes les personnes qui nous ont soutenus aujourd'hui et ces dernières mois 💚. P.S. : Et ceux qui, cachés derrière un écran et assumant les mêmes pouvoirs que la police, ont décidé de nous intimider, de nous censurer et de nous violenter - allant même jusqu'à nous souhaiter la mort, à nous violer, nous accusant d'être fémi-nazis, stupides, fascistes et bourgeoises (entre autres) - nous n'éprouvons aucun intérêt pour une quelconque relation avec vous. Nous savons que nos actions peuvent mettre beaucoup de gens mal à l'aise mais nous ne voulons pas que nos enfants et nos familles soient les spectateurs de ces attaques, c'est pourquoi nous vous invitons à faire un pas de côté et à nous oublier. Si vous ne le faites pas, nous le ferons pour vous.
En la cocina nos quieren, confinadas al tedio de lo doméstico, a la esfera privada, silenciada, invisibilizada. Quieren devolvernos a ese lugar de subordinación al que históricamente hemos estado confinadas. En este contexto tan inapropiado, en el que como sociedad estamos bajo ataque de una pandemia, pero también de la desigualdad, la institución que posee el monopolio de la violencia ‑y se encuentra impune como causante de múltiples violaciones a los derechos humanos- se toma el tiempo de perseguir, intimidar, amedrentar, censurar y violentar a un colectivo artístico feminista.Ayer nos enteramos por el medio La Tercera ‑medio que además le presta voz a este acto represivo y violento‑, de un ataque directo hacia nosotras y nuestro trabajo por parte de Carabineros de Chile. Quieren censurar nuestro trabajo ; quieren negarnos nuestro derecho a expresarnos a partir del arte ; quieren negarnos el derecho a la protesta, tergiversando nuestro trabajo e inculpándonos en los términos más insólitos. Esta acción sólo demuestra el abuso de poder sistemático por parte de esta institución, equiparando la poesía con la verdadera violencia de la cual son autores, negando el espacio a la metáfora, al arte, al activismo y a la legítima denuncia que desde octubre el pueblo vocifera en todas partes.Hoy se nos violenta directamente a nosotras, pero también a todas las mujeres, disidencias y quienes nos encontramos en esta lucha contra el patriarcado y sus instituciones nefastas. Pero no nos callarán, nunca más.Muchas gracias a todas las personas que nos han apoyado hoy y en los últimos meses💚P.D : Y a quiénes escondiéndose tras una pantalla y tomándose las mismas atribuciones que se ha tomado la policía han decidido amedrentarnos, censurarnos y violentarnos ‑llegando incluso a desearnos la muerte, la violación, acusándonos de feminazis, estúpidas, fascistas y burguesas (entre otros)- no nos interesa mantener ningún tipo de relación con ustedes. Sabemos que nuestro trabajo puede incomodar a muchas personas, pero no queremos que nuestr‑s hij‑s y familias sean espectadoras de estos ataques, por lo que les invitamos a retirarse y olvidarnos. Si no lo hacen, lo haremos por ustedes.
Publiée par LASTESIS sur Mercredi 17 juin 2020