Médias analphabètes

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Vis­con­ver­sa


Tra­duit par ZIN TV

EN LIEN :

Raul Cazal — Ecri­vain et jour­na­liste. Auteur des livres de nou­velles El bole­ro se bai­la pega­di­to (1988), Todo tiene su final (1992) et de poé­sie Algu­nas cues­tiones sin impor­tan­cia (1994). Il est co-auteur avec Fred­dy Fernán­dez de l’es­sai A quién le impor­ta la opi­nión de un cie­go (2006). Gra­cias, medios de comu­ni­ca­ción (2016) est son livre le plus récent.

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Les médias pri­vés insistent à vou­loir être des anal­pha­bètes de la réa­li­té sociale

En regar­dant un match de foot­ball à la télé­vi­sion — c’é­tait l’an­née 2011 —, l’a­ni­ma­teur Pepe Del­ga­do a fait un com­men­taire sur une chose dont je ne me sou­viens plus main­te­nant : “Vou­lez-vous gar­der un secret ? Écri­vez un livre”, a‑t-il fait une pause, en sou­li­gnant la der­nière phrase. Per­sonne ne les lit.

Lire ou ne pas lire, c’est ça l’es­sen­tiel. La lec­ture en amène cer­tains à la tombe, comme cer­tains per­son­nages du “Le nom de la rose” d’Um­ber­to Eco. D’autres, comme Bel­le­ro­phon, ne véri­fient pas le conte­nu de la lettre qui demande au des­ti­na­taire de tuer le messager.

Depuis la créa­tion des livres, cer­tains ont été détruits ou brû­lés. Avec eux, les théo­ries de l’a­tome de Démo­crite ont été mises mar­gi­na­li­sés et celles d’E­pi­cure inter­dites. Les idées d’A­ris­tote se sont impo­sées grâce aux coïn­ci­dences avec l’An­cien Tes­ta­ment sur le géo­cen­trisme, entre autres. Si l’E­glise catho­lique n’a­vait pas impo­sé ce phi­lo­sophe, d’autres auraient anti­ci­pé les décou­vertes de Nico­las Coper­nic et de Gali­leo Gali­lei ; Gior­da­no Bru­no n’au­rait pas fini sur le bûcher et Eco n’au­rait pas écrit un roman poli­cier au Moyen Age.

“Ce livre est une mer­veille. Au plus j’a­vance dans la lec­ture, je ne veux pas que cela s’ar­rête”, a publié Elis Labra­dor sur les réseaux sociaux en par­lant du livre El infi­ni­to en un jun­co, d’I­rène Val­le­jo, qui, comme le dit le sous-titre, porte sur “l’in­ven­tion des livres dans le monde antique” et peut être lu comme un roman poli­cier où le pas­sé et le pré­sent se confondent en une seule his­toire : com­ment les idées de l’hu­ma­ni­té ont tra­ver­sé le temps.

Chaque lec­teur est dif­fé­rent lors­qu’il est confron­té à un même livre. Dans le livre de Val­le­jo, il y a des secrets qui sont géné­ra­le­ment inter­dits par les médias hégé­mo­niques, comme l’a­nal­pha­bé­tisme : “Nous, les habi­tants du XXIe siècle, consi­dé­rons comme acquis que tout le monde apprend à lire et à écrire dès l’en­fance (…) Nous n’i­ma­gi­nons même pas qu’il puisse y avoir des anal­pha­bètes par­mi nous (…) Mais ils existent (670.000 en Espagne en 2016, selon les don­nées de l’Ins­ti­tut natio­nal des statistiques)”.

En 2005, le Vene­zue­la a été décla­ré ter­ri­toire libre d’a­nal­pha­bé­tisme par l’U­NES­CO. C’est l’une des vic­toires du Cha­visme, mais les médias pri­vés insistent à vou­loir être des anal­pha­bètes de la réa­li­té sociale véné­zué­lienne, ce qui ne leur per­met pas de voir les chan­ge­ments radi­caux qui ont eu lieu en plus de 20 ans de révo­lu­tion bolivarienne.