Réflexions sur le dernier humain réduit à un code-barre

EN LIEN :

La pan­dé­mie, utile au capi­ta­lisme pour per­fec­tion­ner et mettre à l’épreuve de nou­veaux dis­po­si­tifs visant la dis­ci­pline sociale.

Genèse et finalités de la pandémie

Cette réflexion ne se pro­pose pas d’é­ta­blir si la pan­dé­mie a été arti­fi­ciel­le­ment créée par les nou­veaux patrons du monde, ou si elle émerge spon­ta­né­ment du chaos de la dévas­ta­tion cri­mi­nelle de la nature. Quoi qu’il en soit, l’ac­cu­sé numé­ro un est le capi­ta­lisme, que ce soit sous la forme néo-libé­rale occi­den­tale, ou sous la forme éta­tiste chi­noise. Quoi qu’il en soit, la pan­dé­mie est la nou­velle tech­nique « mira­cu­leuse » pour faire en sorte que l’es­clave inté­rio­rise les ordres du seigneur.

Même s’il était vrai, mais nul ne peut le dire avec cer­ti­tude, que le virus a été modi­fié dans un sec­teur du labo­ra­toire OMS ins­tal­lé à Wuhan, contrô­lé par les Anglais et les Amé­ri­cains, reste le fait que la Chine garde le silence et est donc com­plice, co-res­pon­sable du crime.

La com­pli­ci­té entre néo-libé­raux et éta­tistes se véri­fie tout autant si nous sup­po­sons que la pan­dé­mie est une fausse pan­dé­mie, utile aux deux capi­ta­lismes pour per­fec­tion­ner et mettre à l’é­preuve de nou­veaux dis­po­si­tifs visant la dis­ci­pline sociale. Mais elle se véri­fie aus­si si nous sup­po­sons, au contraire, que le virus est réel­le­ment pré­sent, dévas­ta­teur et, comme l’af­firment les éco­lo­gistes les plus vigi­lants, expres­sion du Réchauf­fe­ment Glo­bal, de la défo­res­ta­tion qui réduit l’es­pace de nom­breux ani­maux por­teurs du virus, et qui annule la dis­tan­cia­tion natu­relle entre eux et l’homme.

Dans tous les cas, et dit en termes mar­xiens, la pan­dé­mie place, sans dis­cus­sion, sur le banc des accu­sés,  le mode de pro­duc­tion capi­ta­liste, c’est-à-dire un modèle éco­no­mique et social pré­da­teur et enva­his­sant, enne­mi de la san­té publique, arri­vé par auto-com­bus­tion à sa phase ter­mi­nale et suicidaire.

Il y a deux labo­ra­toires où l’on peut ana­ly­ser la pan­dé­mie, celui de la méde­cine, et celui du poli­ti­co-social. N’é­tant pas viro­logue, je ne peux m’en­ga­ger que dans le deuxième domaine.

Un vieil adage dit : « l’en­fer est pavé de bonnes inten­tions ». Tra­duit aujourd’­hui, il veut dire : ils veulent nous faire croire qu’ils se sou­cient de notre san­té et notre sécu­ri­té, mais en réa­li­té ils ne font que tes­ter de nou­veaux dis­po­si­tifs de domi­na­tion, de nou­velles formes orwel­liennes de contrôle et d’as­su­jet­tis­se­ment total de l’homme. Un Pan­op­ti­con ben­tha­mien des temps modernes.

Ils laissent mou­rir de faim six mil­lions d’en­fants par an, qui pour­raient être sau­vés à peu de frais par un vac­cin qui s’ap­pelle nour­ri­ture, en renon­çant seule­ment à 0,00000001% de leurs ver­ti­gi­neux reve­nus d’es­crocs, et vous croyez que des génies du Busi­ness comme Bill Gates pro­tègent notre san­té ? Rien que l’i­dée en serait ridi­cule ! Mal­heu­reu­se­ment, des mil­lions sinon des mil­liards d’hommes y croient, et cette croyance est une forme de col­la­bo­ra­tion­nisme. Il ne pour­rait pas y avoir 1000 psy­cho­pathes super-mil­liar­daires au som­met de la gou­ver­nance mon­diale sans des mil­liards de col­la­bo­ra­tion­nistes plus ou moins conscients, plus ou moins volon­taires, plus ou moins passifs.

Nous vivons dans le roman le plus dys­to­pique jamais écrit. Les élites domi­nantes, les nou­veaux patrons uni­ver­sels savent bien que leur sys­tème est au bord de l’ef­fon­dre­ment éco­no­mique, poli­tique, finan­cier, éco­lo­gique, éthique et cultu­rel. Ils savent bien qu’il n’est plus pro­messe d’un ave­nir meilleur pour des mil­liards d’hommes, et qu’il est deve­nu une menace pour les fon­de­ments éco­lo­giques mêmes de l’exis­tence humaine. C’est pour­quoi ils se hâtent de réa­li­ser des expé­riences socio-orwel­liennes pour réduire les popu­la­tions, sac­ca­ger les droits, pré­ve­nir des révo­lu­tions, dis­tan­cier les corps, les sou­mettre à des tests d’o­béis­sance totale, non par d’in­con­ve­nantes dic­ta­tures mili­taires comme au siècle der­nier, mais sous le fouet des Pan­dé­mies — arti­fi­ciel­le­ment  créées ou non, l’His­toire nous le dira.

L’huile de ricin a cédé la place dans l’a­près-guerre à la socié­té du spec­tacle, dont Debord nous a don­né une des­crip­tion magis­trale. Aujourd’­hui, elle arrive à son ver­ti­gi­neux apo­gée, la pan­dé­mie spec­ta­cu­la­ri­sée. Ce plan dia­bo­lique semble mar­cher. Le temps nous dira jus­qu’à quel point. Mais, en atten­dant, même l’ob­ser­va­teur le plus dis­trait ne peut res­ter aveugle à un fait d’une inquié­tante por­tée his­to­rique : des mil­lions de per­sonnes qui, à la fin de l’an­née 2019, au Chi­li, en Equa­teur, en France, en Colom­bie, etc, se sou­le­vaient contre le néo-libé­ra­lisme et occu­paient les rues de leurs capi­tales, ont reflué chez elles, sans coup férir. Elles ont eu plus peur du virus que de la répres­sion, la pri­son et la torture.

Nous avons assis­té à des évé­ne­ments bien pro­gram­més que même la fan­tai­sie des auteurs de romans dys­to­piques les plus célèbres ne pou­vait ima­gi­ner : JT trans­for­més en bul­le­tins de guerre, panique ali­men­tée et répan­due, tous médias confon­dus, nombre des morts gon­flé à des­sein, pro­ces­sions de cer­cueils exhi­bés en guise d’a­ver­tis­se­ment, qua­ran­taines, dis­tan­cia­tion des corps, masques, psy­cho­po­lice, micro­chips, déla­tions, poli­ciers muni­ci­paux trans­for­més en SS, enter­re­ments inter­dits, cadavres brû­lés sans l’au­to­ri­sa­tion des familles. Si, il y a quatre mois, quel­qu’un avait pré­dit ces évé­ne­ments, on l’au­rait pris pour un fou. Mais ce qui est folie chez les humains peut deve­nir nor­ma­li­té. Cet étrange bipède qu’est l’ho­mo sapiens s’ha­bi­tue à tout.

Une chose est sûre. Les mesures prises par les gou­ver­ne­ments pour faire face à la conta­gion nous donnent la mesure par­faite, sur le plan sym­bo­lique, de la place réser­vée au der­nier homme dans le capi­ta­lisme abso­lu : une pure et simple uni­té sta­tis­tique, un simu­lacre bio-poli­tique, un sujet sans réfé­rences, dis­tan­cié, dés-iden­ti­fié, qui n’a pour seule fonc­tion que d’as­sis­ter pas­si­ve­ment au spec­tacle macabre et avi­lis­sant du nou­veau Lévia­than. Un zom­bi qui cir­cule au milieu de longues files, patient, docile et muet, pour ache­ter des mar­chan­dises et payer des fac­tures. Un paria qui se méfie de son sem­blable. Le capi­ta­lisme de la Pan­dé­mie se révèle dans sa véri­table essence, celle de la vie nue. Il appa­raît sans fan­fre­luches ni média­tions comme un sys­tème qui fait du sujet son propre ersatz, de l’homme un consom­ma­teur pas­sif et soli­taire d’i­mages et bobards télé­vi­suels. Nous sommes arri­vés à l’a­po­théose de l’homme néo-libé­ral, de l’in­di­vi­du abso­lu, seul, en concur­rence avec tous, méfiant, ter­ri­fié, bar­ri­ca­dé dans son cocon égotiste.

Premier acte de la tragi-comédie : le masque

Décryp­tons la qua­ran­taine sur le plan sym­bo­lique. Effec­tuons une tra­duc­tion lin­guis­tique de la nou­velle anthro­po­lo­gie noire dans laquelle on nous a pré­ci­pi­tés et à laquelle on veut nous habi­tuer. Par­tons du masque, véri­table objet du culte du nou­veau caté­chisme spec­tral. Est-il utile ? ne l’est-il ou pas ? Les avis scien­ti­fiques sont dis­cor­dants. Mais le petit peuple n’y connaît rien, en sciences. Il écoute et obéit au verbe du prêtre télé­vi­suel. Nous sommes arri­vés, en quelques jours de pro­pa­gande obsé­dante, au point que qui­conque ne le por­tait pas était regar­dé par son sem­blable comme un fou, un pes­ti­fé­ré, un réprou­vé. Le por­ter était une obli­ga­tion sociale, comme pour la bur­qa en Afgha­nis­tan. On voyait même des couples mas­qués dans leur voi­ture. Mais que sym­bo­lise le masque, du côté des nou­veaux rap­ports sociaux ? Quel est son mes­sage sub­li­mi­nal ? L’homme mas­qué est l’homme quel­conque, par­fai­te­ment dési­den­ti­fié, l’homme sans visage, c’est le sujet indis­tinct, donc pur objet spec­tral, méta­phore par­faite du consom­ma­teur-dis­tri­bu­teur auto­ma­tique, de l’homme réduit à la simple dimen­sion de mar­chan­dise, de valeur d’é­change. Si l’argent sans visage, par­fai­te­ment numé­raire, est le nou­veau Dieu, com­ment vou­lez-vous que son dis­ciple en ait un ? Com­ment pou­vez-vous croire que l’in­di­vi­du soit un sujet libre, exclu­sif et irrem­pla­çable dans son genre, quand il admire un Dieu indif­fé­ren­cié ? Mais il y a un autre revers anthro­po­lo­gique du masque : la dif­fi­cul­té à se recon­naître, les regards sombres et de tra­vers qu’on se lance de loin que j’ai remar­qués chez les pas­sants, ou les gens qui font la queue au super­mar­ché. Donc, pas seule­ment dési­den­ti­fi­ca­tion, mais aus­si méfiance. Ne trou­vez-vous pas que c’est le binôme par­fait des rap­ports sociaux dans les­quels la com­mu­nau­té est dis­soute, et la concur­rence célé­brée comme un dogme constituant ?

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Deuxième acte : la distanciation sociale

Pas­sons au deuxième acte du tra­gi-comique confi­ne­ment, la dis­tan­cia­tion sociale et son corol­laire, l’in­ter­dic­tion de ras­sem­ble­ment. Posons-nous la ques­tion : si le masque suf­fit pour évi­ter la conta­gion, pour­quoi impo­ser aus­si la dis­tan­cia­tion ? De deux choses l’une, ou le masque ne sert à rien, ou la dis­tan­cia­tion est un rituel qui sert d’autres fins. Quant à moi, je pense que les deux thèses sont vrai­sem­blables à la fois. La dis­tan­cia­tion est le vrai sym­bole de la qua­ran­taine, l’es­sence des nou­veaux rap­ports que visent les patrons uni­ver­sels pour ren­for­cer les chaînes du condi­tion­ne­ment social et de l’o­béis­sance. Des corps dis­tan­ciés sont des corps qui ne peuvent pas éta­blir de rela­tions, et, sans rela­tions phy­siques entre les sujets, adieu révoltes, sou­lè­ve­ments et révo­lu­tions. Le pou­voir chante vic­toire, il jubile avant même la bataille évi­tée. Des hommes seuls, méfiants et dis­tan­ciés (et tou­jours endet­tés), des hommes sans qua­li­tés, selon l’ex­pres­sion de Musil, qui, comme des zom­bis, se pré­sentent aux urnes tous les cinq ans, pour déci­der qui va les com­man­der. C’est là, peut-être, le der­nier mirage hal­lu­ci­né et dys­to­pique des Elites ?

Troisième acte : la psychopolice

Ici, George Orwell et Aldous Hux­ley seraient à la fête et éri­ge­raient de nou­veaux monu­ments lit­té­raires à la dys­to­pie. L’en­ne­mi invi­sible une fois invo­qué a déchaî­né le « tous contre tous ». Le minis­tère néo-gœb­bel­sien de la pro­pa­gande et de la véri­té a vu s’ou­vrir devant lui des auto­routes, et il a suf­fi de quelques heures pour hap­per tout le monde dans la spi­rale guer­rière de l’a­mi enne­mi, ou plu­tôt de l’en­ne­mi-enne­mi. Il a suf­fi de la ter­reur d’un virus trans­mise tous médias confon­dus à échelle mon­diale non seule­ment pour créer des fron­tières d’un palier à l’autre, pour rendre l’homme étran­ger à l’autre homme, mais même pour en faire le déla­teur de son voi­sin, de l’autre que lui. Visages méfiants, regards obliques, habi­tants d’un même immeuble trans­for­més en déla­teurs et flics, voi­là le por­trait obs­cène du capi­ta­lisme abso­lu dans sa phase pan­dé­mique ter­mi­nale. Voi­là l’homme trans­for­mé en psy­cho­pathe, deve­nu l’ombre de lui-même, sous les coups de la pro­pa­gande et de la peur. J’ai vu des choses que les humains ne pou­vaient ima­gi­ner même sous les pires dic­ta­tures : des poli­ciers muni­ci­paux qui fouillaient les sacs à pro­vi­sions et met­taient des amendes à des petites vieilles qui avaient ache­té des choses « non néces­saires ». J’ai vu des membres des forces de l’ordre, épau­lés par des méde­cins com­plai­sants, et avec l’au­to­ri­sa­tion du Maire, anes­thé­sier en pleine rue un homme qui expri­mait à tra­vers un méga­phone son désac­cord avec les fer­me­tures, pour ce qu’il consi­dé­rait comme une fausse pan­dé­mie – et faire de plus usage du TSO (trai­te­ment sani­taire obligatoire).

Quatrième acte : l’obéissance absolue

Il a suf­fi d’ins­til­ler des coef­fi­cients tou­jours crois­sants de peur, de gon­fler le chiffre des morts, de mon­trer des camions mili­taires trans­por­tant des cer­cueils ano­nymes, pour abattre les résis­tances rési­duelles, et obte­nir du « der­nier homme » une obéis­sance abso­lue et volon­taire, l’au­to-réclu­sion sou­hai­tée et requise – qu’on a même célé­brée avec tous ces bals sur les balcons,ces bri­quets allu­més et des ban­de­roles « tout ira bien » fiè­re­ment arbo­rées. Ce n’é­tait pas assez d’être des cré­tins, il fal­lait aus­si l’ex­hi­ber, il fal­lait même applau­dir avec des petits sou­rires d’ap­pro­ba­tion pour le geô­lier. Les chaînes de la pré-pan­dé­mie ne suf­fi­saient pas, il fal­lait récla­mer qu’on les serre plus étroi­te­ment. Per­sonne ne s’est ren­du compte qu’on avait per­du l’E­tat de droit. Per­sonne n’a eu le cou­rage de bou­ger un cil face à la Consti­tu­tion vio­lée et vio­len­tée. On revient en pen­sée aux sombres décen­nies du XXe siècle, quand des foules humaines, un an seule­ment avant paci­fiques, soli­daires et inter­na­tio­na­listes, se méta­mor­pho­sèrent tout à coup en hordes furieuses, aveu­glées par la haine de l’en­ne­mi du moment. L’a­na­lo­gie vaut aus­si pour le côté gauche de la gauche. Si, en 1914, il a voté les cré­dits de guerre, enter­rant le rêve de l’In­ter­na­tio­nale, aujourd’­hui il réclame la pro­lon­ga­tion de l’é­tat d’ex­cep­tion et du confi­ne­ment. N’é­tait-il pas, il y a seule­ment quatre mois, le cham­pion des ports ouverts et d’un monde sans fron­tières ? Oxy­mores, para­doxes et iro­nies de l’im­pré­vi­sible his­toire humaine.

Cinquième acte : suspension de la raison

Pour obte­nir l’o­béis­sance abso­lue, le pou­voir doit comp­ter sur une dyna­mique typique des foules dans les phases d’ur­gence : la sus­pen­sion de la rai­son, la désac­ti­va­tion de l’in­cré­du­li­té, le som­meil de la conscience. Pour se sen­tir faire par­tie d’un trou­peau en dan­ger de mort, et d’une nar­ra­tion qui le veut res­pon­sable et pro­tec­teur à l’é­gard des siens, l’ho­mo sapiens active cette sus­pen­sion qui finit par le pous­ser à don­ner cré­dit même aux bobards les plus invrai­sem­blables, s’ils sont pro­pa­gés par le sau­veur du moment. Il se passe ce qui est carac­té­ris­tique de l’en­fant  quand il écoute une his­toire de bour­reaux et vic­times, d’ogres et de sor­cières, ou quand il regarde un film d’hor­reur racon­tant une his­toire démo­niaque. On finit par y croire, sus­pendre notre juge­ment cri­tique, faire par­tie du récit en cours ; autre­ment, on inter­rom­prait toute écoute et tout visionnement.

Sixième acte : le contrôle universel

Nous arri­vons ici à la qua­dra­ture du cercle ; au but ultime de ceux qui ont mis en marche cette infer­nale machine orwel­lienne de la Pan­dé­mie, d’un bout à l’autre du globe, de la Chine aux USA : pucer tout indi­vi­du dès sa nais­sance, comme les chiens, pour contrô­ler et tra­cer chaque mou­ve­ment, et même chaque désir, pas­sion et com­por­te­ment. On ne le sait pas tou­jours, mais le Ben­gla­desh est le pre­mier Etat du monde à s’être offert comme cobaye pour tes­ter le puçage élec­tro­nique dès la nais­sance de tous ses habi­tants, comme l’a pres­crit l’OMS. Le puçage, pré­lude au nou­veau règne spec­tral du trans­hu­main, ser­vi­ra non seule­ment à tra­cer et contrô­ler les sujets, mais aus­si à leur attri­buer un cré­dit social, immé­dia­te­ment scan­né­ri­sable. Ils veulent tra­cer chaque com­por­te­ment indi­vi­duel en lui don­nant une note de façon à impo­ser le style de vie vou­lu par les patrons du monde. Plus on sera conforme aux règles du pou­voir, plus on aura de cré­dit. Plus on aura de cré­dit, plus on vous concé­de­ra de chances de tra­vail et de sur­vie. On passe au feu rouge, ou on ne paie pas la men­sua­li­té de son cré­dit ? Des points en moins. On fait l’es­pion pour la police et on fait arrê­ter un petit délin­quant ? Des points en plus. Dans le sys­tème de la mar­chan­di­sa­tion uni­ver­selle, la mar­chan­dise humaine ne sera pas seule­ment éva­luée en fonc­tion de la pres­ta­tion de sa force de tra­vail, mais aus­si en fonc­tion de sa fia­bi­li­té psy­cho­po­li­tique, immé­dia­te­ment enre­gis­trable… Nous pou­vons écrire en para­phra­sant Marx : un spectre hante le monde, ce n’est pas le com­mu­nisme mais le transhumain.

Septième et dernier acte : la technoscience comme nouvelle religion

À qui devons-nous obéis­sance abso­lue ? À des gou­ver­ne­ments qui, dans l’é­tat d’ex­cep­tion  deve­nu sta­tut nor­mal et per­ma­nent, ont abdi­qué leurs pré­ro­ga­tives au pro­fit d’é­quipes de « savants » sur le registre du per­son­nel des patrons uni­ver­sels. La méde­cine est la nou­velle théo­lo­gie, les viro­logues sont ses prêtres, la thé­ra­pie le nou­veau culte sacré.  Et ils ne nous disent pas qu’il faut soi­gner la mala­die par une pré­ven­tion atten­tive, par un style de vie sain et équi­li­bré, impos­sible dans un sys­tème cen­tré sur le pro­fit. Ce serait héré­tique et désa­cra­li­sant. Comme les prêtres de jadis qui nous invi­taient seule­ment à prier, ils ne s’oc­cupent que de thé­ra­pies. La thé­ra­pie est le nou­vel évan­gile, le virus le nou­veau démon à com­battre en sui­vant les pré­ceptes du cler­gé scien­to­cra­tique.  Qui répand des infor­ma­tions alter­na­tives est l’hé­ré­tique à bâillon­ner (jadis on uti­li­sait les bûchers).Nous ver­rons tou­jours plus de phi­lo­sophes et de savants non ali­gnés réduits au silence par les reli­gieux. Nous ver­rons tou­jours plus de super-men­teurs ins­tau­rer des saintes Inqui­si­tions contre les « fake news » de savants alter­na­tifs. Voi­là l’a­ve­nir qui nous attend !

Conclusions

La qua­ran­taine qu’on nous a impo­sée est une répé­ti­tion, un apé­ri­tif, une pré­fi­gu­ra­tion de l’homme du futur auquel les patrons uni­ver­sels tra­vaillent de façon maniaque. Un homme que nous pou­vons syn­thé­ti­ser en deux mots : code-barres. Un indi­vi­du abso­lu, simple nombre, tota­le­ment pri­vé de réfé­rences, dési­den­ti­fié et déso­cia­li­sé, dont la seule fonc­tion est de res­ter enfer­mé à la mai­son pour simu­ler la vie, peut-être orga­ni­ser, assis et en pan­toufles, des mee­tings ou des fêtes, oubliant sa frus­tra­tion en fai­sant des achats com­pul­sifs on line, tis­sant des « ami­tiés » qu’il ne voit ni ne connaît. Un ona­niste du plai­sir per­for­mant, obses­sion­nel­le­ment voué à son cla­vier, dont la vie sera enfer­mée dans un por­table, dans la consom­ma­tion avide d’i­mages, vidéo-jeux, ciné­ma trash, por­no­gra­phie. On voit déjà se dif­fu­ser en Occi­dent le style de vie déjà éta­bli au Japon qu’on connaît sous le nom de Hiki­ko­mo­ri : des mil­liers de jeunes qui ne sortent plus de leur chambre depuis des années et ne vivent qu’à tra­vers la toile.

La plus haute aspi­ra­tion du der­nier homme réduit à un mot de passe sera de pos­sé­der une auto­mo­bile, peut-être sans pilote, depuis laquelle il pour­ra don­ner des ordres dans sa cui­sine, régler la tem­pé­ra­ture du four, ouvrir le fri­gi­daire, ou acti­ver la plaque à induc­tion. Le réel alié­né du capi­ta­lisme indus­triel laisse place à l’obs­cène sur­réel du capi­ta­lisme abso­lu et virtuel.

Humains, réveillez-vous, sor­tez de la caverne, avant qu’il soit trop tard ! La cloche de l’homme cyborg a déjà son­né dans le confi­ne­ment pla­né­taire. Nous serons tous pucés, tra­cés, sur­veillés, épiés même dans nos dési­rs et inten­tions. En l’es­pace de vingt ans, nous vivrons tous dans la Matrice uni­ver­selle, où le fait de se sen­tir humain ne sera qu’un vieux sou­ve­nir, étouf­fé dans le cau­che­mar des sur­vi­vants. Qui se révol­te­ra ? Qui fera des révo­lu­tions, par­mi les humains réduits à des codes-barres ? Où trou­ve­rons-nous l’é­lan pour la construc­tion d’une com­mu­nau­té d’hommes libres quand nous nous trou­ve­rons encer­clés de par­tout par des trans­hu­mains, étran­gers l’un à l’autre, méfiants envers nous-même et envers tous, êtres égo­tistes au regard fixé sur nos por­tables, sur notre éphé­mère pres­ta­tion ona­niste et vir­tuelle ? Quelle soli­da­ri­té pour­rons-nous tis­ser entre huma­noïdes désocialisés ?