Malcom X : Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les opprimés et aimer les oppresseurs
Il y a quelques jours (mai 2012), on m’a invité à parler de solidarité et de médias citoyens. La thématique est fondamentale et m’intéresse personnellement, notamment parce que j’ai travaillé à plusieurs projets de portails Internet associatifs, et surtout, parce que je crois plus que jamais que les médias citoyens sont indispensables dans notre société où les médias convergés ont clairement choisis de quel côté ils sont. L’évènement qui m’accueillait regroupait autour de 300 personnes ; des jeunes, des femmes, des journalistes, des rédacteurs et des rédactrices, des délégués d’organisations de coopération internationale, etc…
Printemps ÉRABLE !
Inspiré par les circonstances actuelles et surtout par l’étendu des injustices et des résistances incroyables qu’elles suscitent, j’ai entrepris dans ma présentation de faire des liens entre plusieurs faces d’un même problème. J’ai parlé bien évidemment du mouvement étudiant qui est le cœur de ce printemps pas si tranquille. Ce mouvement qui mobilise nos fils et nos filles. Ce mouvement que nos dirigeants, cyniques et soucieux de mater toute une génération qui rêve trop large, réprime injustement et de façon révoltante. Ce mouvement qui ne se bat pas pour économiser $325 dollars annuellement, mais bien pour le principe que l’éducation et le savoir sont des biens communs qui devraient être gérés de manière démocratique, dans l’intérêt de tous, et non au seul bénéfice des mieux nantis ou des entreprise privées. J’ai parlé des syndicats d’enseignants qui les appuient, des groupes communautaires et sociaux qui sont derrière eux, des médias citoyens qui sont au front, respirant les mêmes gaz, encaissant les mêmes matraques et relayant sans cesse l’information.
Et il me fut bien sûr aisé d’expliquer l’incompréhensible et l’inadmissible du fait que Jean Charest demande aux étudiants et à leurs parents de se serrer la ceinture, alors que les scandales de corruption et de collusion se multiplient et alors qu’il s’apprête à dépenser des milliards de dollars, les nôtres, pour aller défricher le Nord au profits des multinationales de l’industrie extractive.
Puis j’ai cité Gabriel Nadeau-Dubois qui, parlant de nos élites politiques, disait récemment : « Ces gens-là (ceux de la hausse, du plan nord, des coupures dans les services, des attaques contre les organisations citoyennes, etc…), c’est une seule élite, une élite gloutonne, une élite vulgaire, une élite corrompue, une élite qui ne voit l’éducation que comme un investissement dans du capital humain, qui ne voit un arbre que comme une feuille de papier et qui ne voit un enfant que comme un futur employé. »
Puis j’ai parlé du 22 mars où 200000 personnes ont pris la rue pour dire ensemble non à cette vision de l’éducation marchandise. Puis du 22 avril où 300000 autres ont aussi pris la rue – et la montagne — pour exiger des Gouvernements du Québec et du Canada leur pleine et entière participation au Protocole de Kyoto et des politiques de gestion des ressources naturelles réorientées radicalement dès maintenant dans le sens du bien commun. Puis de 101 autre évènements et actions…
J’ai parlé de la répression bien sûr, mais j’ai surtout parlé de cette soif de démocratie réelle et de transparence qui ne pourra plus être étanchée par les mensonges habituels. Car le Québec est réellement en marche avec une citoyenneté à reconquérir. C’est le Printemps où les résistances convergent. C’est le printemps où la jeunesse exige que la notion de Bien Commun s’impose au centre de notre démocratie. C’est le printemps érable !!!
Les gens ont applaudi à tout rompre ! Car cette résistance, ils la connaissaient. J’étais au Maroc et ils étaient marocains, algériens, tunisiens, égyptiens, palestiniens, yéménites, irakiens et j’en passe. Le printemps arabe a inspiré le mouvement des indignés en Europe, puis le mouvement « Occupy » aux États-Unis et au Canada. Ce qui se passe au Québec présentement est de la même famille. Et « les arabes » l’ont reconnu.
Nos médias ne sont pas vendus, ils ont été achetés !
Nos médias de masse malheureusement n’y croient pas et ont choisi de ne pas nous le dire. Le 23 mars, au lendemain d’une première mobilisation record, la Presse titrait : « le soutien aux étudiant diminue ». Le 23 avril, 24 heure après le Jour de la terre, le Journal de Montréal écrivait à sa une : « Un rendez-vous manqué »…. Les exemples de ces partis pris abondent.
Nos médias appartiennent à la même « élite » et sont devenus son bras armés dans une lutte à finir pour convaincre un peuple de sa médiocrité. Selon eux, on ne pourrait sérieusement envisager, au mieux, que le changement dans le statut quo. Il n’y aurait d’espoir que dans davantage d’exploitation, davantage d’austérité, davantage de cette « juste part » qu’ils ne font jamais. Les vieux modèles économiques, le capitalisme destructeur, la privatisation du vivant, l’abolition des programmes sociaux seraient les uniques réponses. Nos médias sont les relais, les porte-parole de ce vieux pouvoir. Ils sont légion les « commentateurs » qui ont entrepris de démoniser les individus et les organisations qui sont porteurs d’idées nouvelles ou qui simplement osent s’opposer. Les syndicats seraient à abattre, la CLASSE dangereuse, les groupes contre les gaz de schiste des réfractaire au développement, même un jeune de 20 ans est caricaturé en Bin Laden parce qu’il a rapporté un simple « non » !! Ce n’est rien de moins que pitoyable et ça rien à voir avec la sacrosainte objectivité dont les médias se réclament.
Pour les médias citoyens
Dans ce contexte d’abdication du 4e pouvoir, la place des réseaux sociaux et des médias citoyens est fondamentale. Même si les moyens sont petits en comparaison aux médias de masse, il ne faut pas croire à la petitesse des idées où encore que celles-ci seraient dans la marge. Car l’aspect « viral » des réseaux comme Facebook et Twitter résolvent du moins en partie les difficultés de distribution des organisations citoyennes d’information.
Dans les dernières semaines, les nombreuses prises de position et analyses provenant d’autant de médias jeunes, engagés, communautaires nous ont permis à la fois de prendre conscience de la richesse du milieu médiatique associatif québécois et à la fois de la richesse des idées. Car il est faux de dire qu’il n’y a pas d’alternatives comme il est clair que ceux qui le disent sont ceux ont grand intérêt à ce qu’on le croit.
Les médias communautaires et citoyens promeuvent l’appropriation et l’engagement. Ils nous permettent de mieux comprendre la nécessité du changement et de nous sentir concernés par les analyses et les actions des autres. Il remettent dans son vrai contexte les perspectives des mouvements sociaux alors que les médias de masse font souvent tout pour éviter de parler des réels enjeux.
Comme je le disais à mon audience arabe, il faut multiplier ces analyses citoyennes et épauler tous ces petits et moyens médias communautaires et sociaux qui proposent des alternatives et soutiennent cette nouvelle démocratie en éclosion. C’est bon pour eux, c’est bon pour nous.
Au Journal des alternatives, nous souhaitons contribuer de notre mieux. Nous vous invitons bien évidemment à nous lire, mais surtout à vous investir avec nous et tous les autres qui se dévouent au même travail de diffusion des valeurs citoyennes qui sont les nôtres. Impliquez-vous !
Nous sommes arrivé à ce temps qui commence !! Bonne lecture et bon Printemps !