Une année passée en prison mais notre aspiration à la Liberté reste aussi vivante que jamais

Par Ameer Makhoul

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Ameer Makhoul est le direc­teur de l’as­so­cia­tion Itti­jah, un consor­tium d’as­so­cia­tions pales­ti­niennes d’Is­raël. Accu­sé d’es­pion­nage au pro­fit du Hez­bol­lah, il a été arrêté.

Pri­son de Gil­boa — dimanche 29 mai 2011

Une année est pas­sée depuis mon empri­son­ne­ment, une année très longue.
Mais qu’est-elle com­pa­rée aux trois décen­nies que beau­coup de pri­son­niers pales­ti­niens ont vécues et qu’ils conti­nuent de vivre dans les pri­sons israé­liennes ? Aucune com­pa­rai­son pour­tant ne doit être faite entre les mili­tants pales­ti­niens, ni entre les peines que leur infligent des juges qui ne sont après tout que des ins­tru­ments au ser­vice de l’oppression. Ces peines sont toutes injustes et cruelles, car leur seul but est de nous sub­ju­guer par la ter­reur. Mais il faut tou­jours gar­der à l’esprit une chose essen­tielle : quelle que soit leur durée, elles passent.

Ce qui se passe en Pales­tine obéit à une loi inexo­rable : à mesure qu’ils inten­si­fient le ter­ro­risme d’Etat et son cor­tège de per­sé­cu­tions et de dépor­ta­tions, notre déter­mi­na­tion dans la lutte devient plus forte et plus ferme. Aucune force ne pour­ra arrê­ter la lutte que nous menons pour res­ter sur cette terre, pour pré­ser­ver notre iden­ti­té et res­tau­rer les droits dont nous avons été spo­liés. Ils vou­draient réduire notre cause en des frag­ments épars qui obéissent à leurs décrets, mais nous, le Peuple Pales­ti­nien, sommes en train de nous rele­ver plus forts que jamais, conscients que notre cause est une et indivisible.
Ils sont enfer­més dans la repro­duc­tion de l’oppression alors que nous pro­dui­sons sans cesse la liber­té, la liber­té du peuple et de la patrie, capable de bri­ser leur cercle vicieux et de faire de leurs actions de simples réac­tions aux nôtres. Que nous soyons dans notre patrie ou en exil, notre droit à la Pales­tine est un : le retour chez nous, l’autodétermination, la fin de l’occupation, la libé­ra­tion des pri­son­niers, le recou­vre­ment des terres volées, le déman­tè­le­ment des colo­nies et du mur d’apartheid, la pré­ser­va­tion de Jéru­sa­lem, du Néguev et de la Gali­lée de la côte des entre­prises d’expulsion et de judaï­sa­tion, la fin du blo­cus de Gaza. Toutes ces causes ne font qu’une.

La machine de répres­sion israé­lienne découle de l’essence même de l’Etat d’Israël et condi­tionne le sys­tème et l’ensemble des lois de cet Etat : la jus­tice, l’éducation, l’enseignement supé­rieur, l’aménagement, la légis­la­tion, ain­si que les ins­ti­tu­tions sécu­ri­taires. Tous ces outils sont à la dis­po­si­tion d’un seul sys­tème cen­tral, d’un centre poli­tique unique et d’une seule nature répres­sive, raciste et coloniale.

On peut envi­sa­ger d’utiliser ce sys­tème, chaque fois que cela est pos­sible, mais on ne peut pas trop y comp­ter ni se faire d’illusions. L’expérience nous a ensei­gné que le seul moyen d’atteindre nos objec­tifs et de recou­vrer nos droits est la lutte. C’est uni­que­ment par notre com­bat que les pri­son­niers seront libé­rés. Les règles israé­liennes de ce jeu répres­sif ne seront remises en cause et nous ne pour­rons nous libé­rer que par la lutte popu­laire et internationale.
Sans doute que le prix à payer sera éle­vé, tant au niveau per­son­nel et fami­lial qu’institutionnel. Mais la déter­mi­na­tion d’un cap­tif libre prouve que ce qui le guide, c’est sa propre liber­té et celle de tous les pri­son­niers, c’est son refus de recon­naître toute légi­ti­mi­té aux tri­bu­naux de l’occupant car ceux-ci, gar­nis de juges pan­tins cos­tu­més et beaux par­leurs, n’usurpent le nom de « tri­bu­naux » que pour mieux ser­vir l’institution sécu­ri­taire dont ils ne sont qu’une simple exten­sion. Ce sont pré­ci­sé­ment ces juges-là qui sont, non pas libres mais bien les pri­son­niers de l’Institution, de la sécu­ri­té et des concepts sécu­ri­taires. Ils se situent à l’opposé des valeurs de la jus­tice. Ce sont des pri­son­niers assoif­fés de revanche.

Il faut dire que notre lutte pour la libé­ra­tion n’est pas menée uni­que­ment par nous, les Pales­ti­niens, elle est for­te­ment appuyée par les révoltes dans le monde arabe et le mou­ve­ment BDS à l’échelle de la Pla­nète. Ces actions ne sont rien d’autre que le pro­lon­ge­ment du mou­ve­ment pales­ti­nien visant à pri­ver le régime colo­nial raciste de toute légi­ti­mi­té, à l’isoler, à nous confor­ter nous-mêmes et à res­ti­tuer le droit palestinien.

Au nom du mou­ve­ment des pri­son­niers, je dois mettre en garde contre les dan­gers de la soi-disant coor­di­na­tion sécu­ri­taire entre, d’une part, Israël et, d’autre part, des Pales­ti­niens et autres par­ties arabes quelles qu’elles soient. Les vic­times d’une telle coor­di­na­tion ne sont autres que les com­bat­tants et les pri­son­niers de la liber­té, ain­si que les com­bat­tants Pales­ti­niens et Arabes pour la Pales­tine. Nous appe­lons les peuples arabes à mettre fin à la com­pli­ci­té de cer­tains régimes arabes avec Israël, com­pli­ci­té qui se tra­duit par la com­pro­mis­sion dans cette soi-disant coor­di­na­tion. Nous appe­lons, dans ce sens, au lan­ce­ment d’une vigou­reuse cam­pagne arabe et palestinienne.

Pas­ser une année en pri­son est un prix très éle­vé à payer à un ordre oppres­seur mais la volon­té libé­ra­trice de notre peuple a réus­si à faire de cette année une année de résis­tance, de défi et de lutte. Je trans­mets ici un mes­sage de gra­ti­tude et d’amour à tous ceux qui activent en vue de ma libé­ra­tion et notam­ment au comi­té popu­laire pour ma défense ain­si qu’au Comi­té Popu­laire pour la Défense des Liber­tés Poli­tiques lequel a lan­cé une cam­pagne pour ma libé­ra­tion dès le moment de mon arres­ta­tion. Depuis ma cel­lule, j’envoie mon affec­tion à ma famille laquelle m’a tou­jours entou­rée de son amour et de son sou­tien ain­si qu’à tous ceux qui sou­tiennent notre cause, indi­vi­dus ou orga­ni­sa­tions, qu’ils soient ici ou à l’étranger.

Ces gens sont constam­ment en contact avec nous. Ce sont nos com­pa­gnons dans notre lutte pour la Libé­ra­tion. Ce que nous nous vou­lons, nous mou­ve­ment des pri­son­niers poli­tiques, n’est pas de comp­ter les années qui passent en déten­tion mais de conqué­rir la liber­té. Cette liber­té est acces­sible car les humains sont nés libres, elle est un droit et on a le devoir de la faire valoir.
Le 15 mai, nous avons com­mé­mo­ré le 63ème anni­ver­saire de la Nak­ba pales­ti­nienne, Nak­ba que nous vivons encore. Notre force a tou­jours pour sources la jus­tesse de notre cause et le carac­tère inalié­nable de nos droits. Ceux-ci ne peuvent être réa­li­sés que par la lutte. Lut­ter pour notre libé­ra­tion ain­si qu’œuvrer en vue de nous bâtir nous-mêmes et de bâtir nos ins­ti­tu­tions sont pour nous un droit et un devoir. Le prix à payer, qu’il soit indi­vi­duel ou col­lec­tif, est dou­lou­reux, mais il ne nous détour­ne­ra jamais de notre objec­tif de la libé­ra­tion de l’individu, du peuple et de la terre.

Leur domi­na­tion quant à elle, quelle que soit sa durée, pas­se­ra alors que notre liber­té est ins­crite dans le mou­ve­ment même de notre destinée.